Un tribunal thaïlandais a condamné un militant politique à deux ans de prison pour lèse-majesté. De nombreuses autres personnes ont été accusées de diffamer la monarchie lors des récentes manifestations appelant à un changement politique.
Un militant politique thaïlandais a été reconnu coupable de lèse-majesté et condamné à deux ans de prison.
Un tribunal thaïlandais a jugé le 4 mars que Narin Kulpongsathron avait diffamé la monarchie.
Il était accusé d’avoir posé un autocollant sur un portrait du roi Maha Vajiralongkorn, également connu sous le nom de Rama X, devant la Cour suprême le 19 septembre 2020. Le jour marque l’anniversaire du coup d’État militaire qui a évincé le gouvernement élu du Premier ministre Thaksin Shinawatra.
L’autocollant en lui-même n’avait pas de signification politique particulière, il parodiait le logo de Yakult, une marque de yaourt à boire. Il a également été accusé d’animer une page Facebook avec du contenu politique.
Il s’agit de l’une des nombreuses inculpations pour lèse-majesté déposées contre des manifestants depuis que le gouvernement a relancé les poursuites de ce genre en novembre 2020. Selon Krisadang Nutcharas, du groupe de soutien juridique Thai Lawyers for Human Rights, au moins 173 personnes ont été inculpés pour un manque de respect envers le roi.
De nombreux Thaïlandais vénèrent la monarchie. Les touristes étrangers peuvent être mis en garde contre le fait de dégrader ou de marcher sur des billets de banque portant des images du roi. L’armée considère sa défense de son image comme une priorité, et ce d’autant plus depuis son coup d’État qui a renversé un régime démocratique en 2014. La Thaïlande a l’une des lois de lèse-majesté les plus strictes au monde. Même la critique de la loi sur la lèse-majesté est potentiellement illégale.
En Thaïlande, toute personne qui insulte ou diffame des membres clés de la famille royale peut être punie jusqu’à 15 ans de prison pour chaque chef d’accusation.
En 2015, un tribunal de Bangkok a condamné un guide touristique de 48 ans, Pongsak Sriboonpheng, à 60 ans de prison, soit 10 ans pour chacun des messages Facebook critiques à l’égard de la monarchie qu’il était accusé d’avoir rédigés. Comme il a plaidé coupable, la peine a été réduite de moitié, à 30 ans.
Les Nations unies ont demandé à la Thaïlande de modifier sa loi sur la lèse-majesté en 2017.
La répression contre la lèse-majesté s’est encore accrue pour freiner le mouvement de protestation de 2020 qui réclamait plus de démocratie, la démission du Premier ministre Prayuth Chan-ocha qui a pris le pouvoir en 2014 en organisant un coup d’État en tant que commandant de l’armée, et une réforme de la monarchie pour qu’elle puisse rendre des comptes.
Les autorités ont multiplié les arrestations de dirigeants du mouvement. Plusieurs d’entre eux font face à de multiples chefs d’accusation de lèse-majesté.
Le tribunal a accordé la libération de Narin Kulpongsathron moyennant une caution de 100 000 bahts (3 055 dollars) pour lui permettre de faire appel, selon l’association Thai Lawyers for Human Rights.