Une recherche en laboratoire de l’Université de Vienne a montré que la laitue a absorbé et stocké des composés chimiques issues des particles émises par l’utilisation des pneus. La laitue les a métabolisés et transformés, mais la toxicité de ces dérivés reste inconnue.
Une équipe de microbiologistes de l’Université de Vienne a découvert que la laitue absorbe et métabolise les résidus chimiques de pneus. Les composés transformés ont été retrouvés dans les feuilles de la salade.
Publiés dans Environmental Science & Technology, une revue scientifique gérée par l’American Chemical Society, les résultats de l’étude apportent de nouveaux aspects sur l’impact environnemental potentiel des particules émises avec l’utilisation des pneus. La toxicité de ces composés transformés et présents dans les feuilles de laitue que les humains consomment habituellement crues est inconnue.
Les pneus sont constitués de caoutchouc naturel ou synthétique mais aussi d’additifs pour assurer leur durabilité ou certaines caractéristiques de conduite. Les émissions de particules de pneus, dont les éléments dérivent en d’autres composés pendant leur utilisation, dans l’environnement restent mal quantifiées mais on estime qu’environ 5,9 millions de tonnes de microplastiques par an rejetées dans le monde sont issues des pneus, principalement des pneus de voiture.
Et ces minuscules composés chimiques flottant dans l’air ou déposés sur les routes peuvent finir par se retrouver dans l’eau et les sols agricoles. Avec des plants de laitue, le centre de microbiologie et de science des systèmes environnementaux a étudié l’absorption par une plante comestible d’un large éventail de composés dérivés des particules de pneus.
Ils ont fait pousser des plants de laitue en laboratoire à l’aide d’une solution hydroponique et les ont exposés directement ou indirectement à cinq de ces composés. Tous ne sont pas classés comme toxiques mais la transformation en quinone du 6PPD pendant l’utilisation des pneus, un agent anti-ozone et antioxydant utilisé pour protéger les pneus, a été identifiée comme un facteur responsable de la mortalité de truites et des saumons coho par exemple.
Et l’expérience a montré que les cinq composés dérivés des particules de pneus ont été absorbés par les plantes de laitue. La salade les métabolisent et accumulent ensuite une forme transformée dans les feuilles.
Pour les scientifiques, cette découverte « peut être une source de préoccupation pour les consommateurs, en particulier parce que la laitue est consommée crue. » Ils suggèrent ainsi de poursuivre les recherches afin d’évaluer la toxicité des composés pour l’homme et la présence de ces composés dans des produits qui poussent en plein champ.
Les conditions de laboratoire diffèrent étant donné que les niveaux d’exposition de ces composés chimiques et donc la quantité que les plantes absorberaient en conditions réelles seraient probablement plus faibles. On ignore également s’ils peuvent être dégradés par des communautés microbiennes présentes dans le sol avant d’être absorbés par les plantes.