Qantas Airlines, la compagnie aérienne la plus importante d’Australie, doit faire face à un préavis de grève de ses pilotes pour obtenir de meilleurs salaires alors que l’entreprise est aussi confrontée à de nombreuses difficultés pour son image de marque, allant de la vente de billets pour des vols annulés à l’externalisation illégale d’emplois.
Les pilotes de Qantas travaillant pour Network Aviation, une filiale de la compagnie aérienne, sont prêts à faire grève pendant 24 heures le 4 octobre 2023 pour négocier un nouvel accord sur les conditions de travail, estimant qu’ils sont nettement moins bien payés que dans des compagnies aériennes similaires.
Les négociations salariales sont en cours depuis mars 2023 mais sont à l’arrêt depuis.
La grève pourrait avoir impacter environ 50 % des vols réguliers de la compagnie. Les entreprises d’Australie-Occidentale, où la grève des pilotes devrait temporairement immobilier tous vols de l’État australien, s’empressent alors de prendre d’autres dispositions. Des perturbations sur le tourisme et des évènements régionaux sont également attendues.
Chris Aikens de la Fédération australienne des pilotes d’avion (AFAP) a déclaré que « l’AFAP reste déterminée à parvenir à un accord pour nos membres d’Australie occidentale qui volent pour Network Aviation, la filiale de Qantas, et est déçue d’avoir dû prendre cette mesure ».
Mais pour Trevor Worgan, directeur d’exploitation chez Network Aviation, « ce mouvement de grève de la Fédération australienne des pilotes d’avion a été programmé pour nuire aux voyageurs pendant la période chargée des vacances scolaires ».
La grève intervient également à un moment où la compagnie doit faire face à une accumulation de polémiques.
Des clients se sont plaints de la médiocrité des services de la compagnie aérienne australienne, de la rétention par l’entreprise d’avoirs et crédits à utiliser sur ses vols. Elle doit aussi faire face à des accusations selon lesquelles Qantas aurait vendu des billets pour des milliers de vols alors qu’ils étaient déjà annulés.
La Commission australienne de la concurrence et de la consommation va d’ailleurs poursuivre Qantas en justice, affirmant que la compagnie aérienne a continué à faire de la publicité et à vendre des milliers de billets sur son site pendant environ deux semaines, et dans certains cas jusqu’à 47 jours, après l’annulation des vols.
Début septembre 2023, à l’issue d’une procédure d’appel, la Haute Cour a jugé que la compagnie avait illégalement externalisé 1 700 postes d’assistants au sol, ce qui avait entraîné le licenciement d’employés de Qantas et de Qantas Ground Services.
Qantas avait affirmé que l’externalisation était une mesure financière nécessaire permettant d’économiser 100 millions de dollars australiens (61 millions d’euros) par an et de réduire les dépenses futures en équipements d’assistance au sol, mais a déclaré accepter la décision de la Haute Cour.
Le jugement n’a pas remis en cause les « impératifs commerciaux » de la décision prise par la compagnie aérienne en 2020, au plus fort de la pandémie de Covid-19, mais a considéré qu’elle violait les droits des travailleurs à engager des négociations collectives.
La polémique a conduit à la démission de l’ancien directeur général Alan Joyce.
Un mois avant, Qantas avait publié un bénéfice record de 2,47 milliards de dollars australiens avant impôts (1,5 milliard d’euros) pour l’année fiscale 2023 se terminant en juin, bien que ses actions aient baissé de 6 % parce qu’elle avait prévenu que les prix des billets n’augmenteraient que de façon modérée.
Après la décision de justice, la nouvelle directrice générale de Qantas, Vanessa Hudson, a présenté ses excuses et promis de procéder à des changements pour regagner la confiance et le soutien des clients, et de rétablir la réputation de l’entreprise en se concentrant davantage sur la satisfaction client et la qualité des services.
Mais fin septembre 2023, Qantas a ensuite aussi déclaré qu’elle pourrait augmenter les prix déjà élevés des billets en réponse à la hausse des coûts du kérosène et de l’amélioration des services.