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En Italie, le gouvernement essaie d’épargner ses stations balnéaires d’une concurrence étrangère

2 minutes de lecture
6 octobre 2023

Pour protéger ses stations balnéaires de la concurrence étrangère, le gouvernement italien tente de contourner une directive européenne en préservant l’exclusivité de certaines concessions aux entreprises nationales. Car selon l’Italie, 67% des plages sont encore inexploitées.

Plage privée aux Cinque Terre en Italie
Plage privée aux Cinque Terre en Italie | © jenifoto

Le gouvernement de Giorgia Meloni essaie de protéger les concessions balnéaires italiennes contre la directive Bolkestein qui permet aux entreprises européennes de s’implanter sur le sol d’autres pays membres.

Il soutient que les plages ne sont pas des biens publics rares car les concessions ne représentent que 33% des plages italiennes. Toutefois sur les 67% restants, de nouvelles offres publiques de concession pour les entreprises étrangères pourraient voir le jour.

En 2022, une étude commandée par l’État a été lancée par la table technique consultative sur les concessions maritimes, lacustres et fluviales pour évaluer la rareté des plages comme bien public.

Et le 5 octobre, la table a présenté ses travaux devant des représentants de ministères et d’associations touristiques du secteur. Elle a conclu que les concessions représentaient 33% des côtes italiennes totales et donc qu’il n’a pas de rareté de ce bien public. Par conséquent, la directive Bolkestein ne devrait pas s’appliquer selon les représentants italiens.

Durant les discussions, les gérants de stations balnéaires ont appelé la table à étendre leurs recherches aux rivières et aux lacs car pour Fabrizio Licordari, président de Assobalneari Italia interviewé par Il Giornale, « ce sont des informations qui aideront la Commission européenne à comprendre que les ressources disponibles en Italie ne sont pas rares ».

Ouvrir des concessions pour les entreprises étrangères, mais garder l’exclusivité italienne des concessions existantes

Néanmoins, l’hypothèse de créer de nouvelles concessions pour les entreprises étrangères a été soulevée en contrepartie de laisser renouveler les concessions déjà existantes uniquement pour les entreprises italiennes. Sur les 67% de plage restantes, le gouvernement italien souhaite ouvrir de nouveaux contrats publics de concession pour les entreprises étrangères, mais sans défavoriser les entreprises italiennes.

Cette décision a été ensuite envoyée à la Commission européenne pour de plus amples discussions et négociations.

La directive Bolkestein de 2006 « vise à lever tout obstacle au commerce de services dans l’Union Européenne ». Elle permet à des entreprises étrangères de s’implanter dans des pays de l’UE sans discrimination, et donc être en concurrence directe avec les nationaux.

En février 2016, les exploitants balnéaires italiens commençaient à s’inquiéter de leur condition et de leur possible mise en compétition avec des entreprises de l’Union Européenne. Ils s’étaient alors mis à manifester pour que le gouvernement les protège et que l’arrivée de firmes étrangères ne dénaturent pas le système économique balnéaire, parlant même de la tradition italienne.

Alors que depuis 2006 les gouvernements italiens avaient toujours ignoré les procédures d’infraction de l’UE, en 2022 Mario Draghi, alors premier ministre, a décidé de la fin du renouvellement automatique des concessions à partir du 1er janvier 2024, provoquant les foudres des exploitants.

Les gérants de station balnéaire perdaient de fait l’exclusivité sur les contrats des concessions en faisant entrer des entreprises étrangères dans l’équation.

Le gouvernement de Giorgia Meloni joue sur les potentielles failles de la directive Bolkestein et sur ses multiples interprétations. Elle a invité la table à montrer que les plages ne sont pas des biens rares. Et ainsi, plutôt que de faire renouveler les concessions, ils invitent à en ouvrir d’autres accessibles à un marché étranger sans toutefois pénaliser les entreprises italiennes.

Paul Raymond

Paul est rédacteur pour Newsendip.

Il a étudié les sciences politiques et les relations internationales à l'European School of Politics, Il adore la culture japonaise.