L’île italienne de Budelli bientôt inoccupée

2 minutes de lecture
27 avril 2021

Le seul résident permanent de Budelli depuis 32 ans va quitter cette petite île située entre la Corse et la Sardaigne. Âgé de 82 ans et fatigué de la bataille contre son expulsion, il est aussi tombé amoureux.

L'accès de la plage rose de Budelli est interdit pour la protéger des touristes
L’accès de la plage rose de Budelli est interdit pour la protéger des touristes

Le seul gardien à temps plein de l’île

Budelli est une petite île de l’archipel de la Maddalena, entre la Corse et la Sardaigne, surtout connue pour sa Spiaggia Rosa, la plage rose.

Mauro Morandi, 82 ans, est le seul gardien permanent de l’île depuis 1989 et va laisser les lieux sans gardien dans les prochaines semaines après des années de menaces d’expulsion.

Il y a plus de 30 ans, Mauro Morandi a pris le relais d’un couple qui n’aimait pas vraiment vivre à Budelli. Bondé de touristes en été et vide et venteux en hiver.

Mais c’est aussi pendant l’hiver qu’il pouvait profiter seul de la beauté de l’île. L’été, c’est une vie complètement différente, avec des discours sur la préservation de la nature à l’intention des touristes toute la journée, et l’application de la loi interdisant aux nombreux visiteurs qui ont envie de se baigner ou de ramener un peu du sable rose chez eux.

L’île est en effet célèbre pour sa plage de couleur rose, faite de cristaux et de fragments de coraux et de coquillages. C’est également une zone protégée au sein de l’archipel de la Maddalena. Et Mauro Morandi en avait une vue parfaite de son abri datant de la Seconde Guerre mondiale situé face à la plage.

Internet n’est arrivé sur cette terre isolé qu’en 2015. Et Mauro Morandi a commencé à partager la beauté de la nature sur les réseaux sociaux, ce qui lui a apporté des followers, l’attention des médias et mis en lumière son mode de vie particulier qu’il raconte dans un livre.

Mauro Morandi, originaire de Modène, avait l’habitude de revenir en Italie continentale deux fois par an pour rendre visite à ses filles, mais il avait à peine quitté sa maison qu’il s’inquiétait de ne plus pouvoir y revenir.

Mauro Morandi quitte Budelli après 32 ans pour louer une maison à Maddalena, la plus grande ville de l'archipel
Mauro Morandi quitte Budelli après 32 ans pour louer une maison à Maddalena, la plus grande ville de l’archipel | Facebook

Une nouvelle maison à Maddalena

En 2011, la société privée qui possédait et gérait l’île a fait faillite. Un néo-zélandais a acheté le terrain mais l’Italie a décidé de préempter la propriété et d’administrer Budelli. L’Italie est devenue le propriétaire officiel de l’île en 2016. Et environ un an plus tard, M. Morandi a reçu un avis d’expulsion. Des pétitions pour qu’il reste ont reçu plusieurs milliers de signatures.

Mais après 32 ans, l’ermite local, parfois surnommé le Robinson Crusoé italien, a décidé de partir pour une maison à Maddalena, une ville de 10 000 habitants sur l’île principale de l’archipel. Son réfrigérateur ne fonctionne plus, et les amis qui lui apportent de la nourriture – il ne peut pas avoir de bateau dans cette zone protégée – n’ont pu venir que quelques fois au cours de l’hiver dernier, l’un des plus rudes qu’il ait vécus, ce qui rend la vie sur place d’autant plus difficile. La maison va être rénovée par l’organisation du parc national qui administre l’archipel.

Mauro Morandi, qui n’a plus l’âge légal pour être employé, espère pouvoir revenir après la rénovation, offrant même ses services gratuitement. Cependant, il est « trop vieux pour se battre contre l’expulsion », a‑t-il déclaré. Le solitaire qui détestait les gens et s’est retrouvé à Budelli après que son catamaran fut brisé lorsqu’il partait vers la Polynésie est aussi tout récemment tombé amoureux. Il va finir par se rapprocher de sa compagne après des années de conversations téléphoniques.

Découvrez plus d’actualités d’Italie

Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.