Un « DJ moine » coréen crée la polémique en Malaisie et à Singapour

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22 mai 2024

À Singapour, et en Malaisie avant ça, un DJ fait polémique. Son crâne rasé et sa tenue de moine bouddhiste offusquent les représentants religieux qui demandent l’annulation des représentations de l’artiste, pourtant très apprécié en Corée du Sud.

DJ NewJeansNim
Habillé en moine bouddhiste, DJ NewJeansNim est critiqué à Singapour et en Malaisie alors qu’il est considéré comme un moyen de promouvoir une image plus jeune du bouddhisme en Corée du Sud | © NewJeansNim, Instagram

À Singapour, un personnage de l’industrie musicale crée des tensions. Cet homme, c’est Yoon Sung-ho ou plutôt DJ NewJeansNim.

L’alter égo de Yoon Sung-ho, vêtu d’un habit de moine bouddhiste lors de ses shows, crée la controverse chez les représentants bouddhistes de plusieurs pays asiatiques. Le 19 mai, The Singapore Buddhist Federation (SBF) a appelé les autorités singapouriennes à interdire les prestations de l’artiste au Club Rich, les 19 et 20 juin prochains.

« NewJeansNim n’est pas un moine et ne devrait pas revêtir la robe de moine pour se produire, car c’est contraire à la règle du Vinaya des moines. Espérons que les autorités compétentes seront en mesure de rejeter les permis de spectacle afin d’éviter d’embarrasser les bouddhistes », a déclaré la SBF sur Facebook en faisant référence aux règles de conduite des moines bouddhistes écrites dans le Vinaya.

Mise à jour du 24 mai : la boîte de nuit singapourienne a déclaré qu’il se produirait sans sa tenue ni référence religieuse pour éviter l’interdiction à Singapour.

Une première annulation en Malaisie

Le DJ sud-coréen, qui remixe des mantras religieux avec de la musique électronique, avait déjà été déprogrammé en Malaisie. Après un premier show à Kuala Lumpur au début du mois, la communauté locale bouddhiste avait réclamé l’annulation du set suivant, devant se dérouler le 21 mai.

L’Association des Jeunes Bouddhistes de Malaisie a affirmé que sa performance, qui comprend également du chant et des pas de danse, manquait de respect au bouddhisme et offensait la foi des Bouddhistes.

Le pays connaît une sévère restriction des programmations musicales, le concert de l’artiste américaine Ke$ha ayant par exemple été annulé par les autorités car il pouvait heurter les sensibilités religieuses et culturelles d’un pays dont l’islam est la religion d’État. La chanteuse a déclaré sur X avoir été menacée d’emprisonnement, malgré le fait qu’elle ait coopéré en acceptant de censurer ses paroles et certaines tenues.

Un succès sud-coréen

Pourtant, en Corée du Sud, DJ NewJeansNim, qui n’a pas été ordonné moine, est très apprécié du public et des représentants boudhistes.

L’Ordre Jogye du Bouddhisme Coréen l’a d’ailleurs engagé pour répandre le bouddhisme en véhiculant une image plus jeune de la religion. En effet, le nombre de pratiquants sud-coréens boudhistes réduit dans le pays, passant de 22% des Sud-Coréens en 2017 à 17% en 2021.

« Je vous suis reconnaissant pour le travail que vous avez accompli en diffusant un bouddhisme beaucoup plus jeune auprès de la jeune génération », a félicité le président de l’Ordre Jogye, le plus grand groupe bouddhiste du pays.

Son succès est tel que l’artiste de 48 ans a été programmé pour la deuxième année consécutive à Séoul, au Yeondeunghoe, le festival des lanternes de lotus qui célèbre l’anniversaire de Buddha.

Aude Brès

Aude est rédactrice pour Newsendip. Elle est diplômée de l'université de la Sorbonne.