Les agences se disent « émerveillées » par la ruée des Portugais vers les vacances et anticipent une année historique, alors que le reste de la zone euro fait face aux conséquences des dernières vagues d’inflation.

« Les Portugais s’offrent des vacances comme jamais auparavant » : c’est le bilan du président de l’Association portugaise des agences de voyages et de tourisme (APAVT), Pedro Costa Ferreira, qui explique au quotidien Diario de Noticias qu’au cours des premiers mois de cette année, la demande de voyages a augmenté de 20 % par rapport à 2023, qui avait déjà été la meilleure année depuis longtemps pour le secteur.
Malgré la situation économique actuelle, « rythmée par la hausse des taux d’intérêt, la perte de pouvoir d’achat, l’instabilité politique et les guerres », les agences de voyages dépassent tous les records de ventes. « Plusieurs millions d’euros de réservations ont été vendues au salon du tourisme de Lisbonne. L’été approche et, apparemment, les réservations se font de manière anticipée », indique-t-il.
« Le voyage, un investissement »
Pedro Costa Ferreira se dit « étonné » par le grand appétit du peuple portugais pour le voyage. Au début de l’année, les perspectives étaient plutôt timides et l’objectif était d’essayer d’égaler les chiffres records de l’année dernière, mais les espoirs de croissance ont été largement dépassés. « Nous ne pouvons pas expliquer pourquoi cela se produit, nous pouvons seulement signaler que cela se produit », ajoute-t-il.
C’est d’autant plus surprenant que les prix de voyages, comme beaucoup de produits qui subissent les conséquences de l’inflation, ont augmenté. Au mois de novembre dernier, le Portugal a atteint des records avec un coût moyen de 127 euros la nuit pour une chambre, soit une augmentation de 30,8% par rapport aux chiffres de 2019, comme le rapporte l’Institut National des Statistiques du Portugal.
« Malgré la situation macroéconomique, il est probable que les Portugais continueront à voyager. Au moins, en ce qui concerne notre client type, nous sommes convaincus qu’il ne considère pas le fait de voyager comme un coût, mais plutôt comme un investissement », explique Rui Pinto Lopes, dirigeant du tour-opérateur Pinto Lopes Viagens.
Quelle est la recette secrète des Portugais ?
Le voyage serait-il un investissement « bien-être » pour les Portugais ? C’est possible. Une analyse de la Banque du Portugal, publiée la semaine dernière, démontre que le l’indice de bien-être a augmenté au cours des trois dernières décennies dans le pays, reflétant un plus grand poids de la consommation dans le produit intérieur brut (PIB) et une plus grande espérance de vie.
Les économistes du régulateur bancaire expliquent que l’indice de bien-être au Portugal a augmenté en moyenne de 2,7% par an, entre 1995 et 2022, révélant un processus de convergence avec l’UE.
Mais ce ne sont pas les seuls : une augmentation de l’indice de bien-être a été enregistrée dans tous les pays de l’UE, avec une croissance annuelle moyenne comprise entre 1,4% en Italie et 6,3% en Estonie, principalement due à une augmentation de la consommation.
Alors, quelle est la recette secrète des Portugais ? Entre 2021 et 2023, les pays de la zone euro ont connu des niveaux d’inflation inédits : en moyenne, +9,1 % en 2022 et +5,2 % en 2023, selon Eurostat. Pendant que la plupart des économies européennes peinent à contenir les hausses de prix, le Portugal, lui, semble avoir une longueur d’avance : son inflation annuelle s’est établie à 4,3% en 2023, contre 7,8% en 2022.
Une récente étude Ipsos révèle que l’inflation se place en tête des préoccupations des voyageurs dans tous les pays. Près de 47% des Européens déclarent qu’ils ne partiront pas en voyage cet été pour des raisons économiques (+6 points de pourcentage vs 2022), 51% des Américains (+6 pts) et 50% des Canadiens (+9 pts). Il semblerait que les Portugais aient moins de soucis à se faire…