L’Éthiopie va donner sa décision sur la libéralisation de son marché des télécoms

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27 avril 2021

L’Éthiopie est l’une des dernières opportunités pour les opérateurs de télécommunications de conquérir un marché nouvellement ouvert. Mais ce marché n’est pas aussi attrayant que prévu.

Une icône africaine de la prospérité pour 2030

L’Éthiopie a décidé de réduire son monopole dans le secteur des télécommunications, pour ce que le gouvernement a appelé une « réforme unique en son genre », première étape de la libéralisation de l’économie éthiopienne.

En 2019, le pays a lancé une « réforme économique interne » afin de propulser l’Éthiopie au rang « d’icône africaine de la prospérité » d’ici 2030. Dans son programme de réforme, le bureau du Premier ministre mentionne que « le monopole du secteur public dans les télécommunications et l’énergie, la réglementation restrictive pour les nouvelles start-ups et la politique industrielle traditionnelle peuvent être mal adaptés à l’innovation » et sont considérés comme des freins au progrès économique.

Avec 110 millions d’habitants et une économie contrôlée par l’État, l’Éthiopie est la dernière grande opportunité de marché à investir pour les entreprises privées dans le monde.

Économie régulée et conflit armé

Antenne-relais
Les opérateurs privés de télécoms devront construire eux-mêmes les antennes-relais ou louer celles de l’entreprise publique Ethio Telecom

Malgré l’intérêt initial de plusieurs opérateurs de télécommunications, seules deux offres ont été présentées pour les deux licences d’exploitation ouvertes par l’Éthiopie. Le directeur général de l’Autorité éthiopienne des communications a indiqué que le gouvernement avait le droit d’annuler le processus d’appel d’offres et ne pouvait attribuer qu’une seule licence, ce qui laisse planer des doutes sur l’issue de l’appel d’offres.

Ethio Telecom, l’opérateur de télécommunications détenu par l’État, est également susceptible de s’ouvrir à des investissements privés, mais l’Éthiopie détiendrait toujours 55 % de l’entreprise. Un conseiller du ministère des finances a déclaré à Reuters qu’Orange et Etisalat, les opérateurs de téléphonie mobile français et des Émirats arabes unis, étaient plus intéressés par l’achat d’actions d’Ethio Telecom que par l’achat de licences. Toutefois, en 2019, le directeur général d’Orange, Stéphane Richard, s’était montré plus intéressé par les licences que par le capital d’Ethio Telecom.

Les conditions commerciales sont en fait assez restrictives et rendent l’opportunité moins attrayante qu’envisagée au départ. Par exemple, les détenteurs de licences ne seront pas autorisés à gérer des services financiers mobiles. Par ailleurs, ils devraient construire eux-mêmes les infrastructures, telles que les antennes-relais. L’autre solution consistera à louer l’infrastructure d’Ethio Telecom. Mais ils ne peuvent pas faire appel à des sous-traitants.

De plus, le conflit armé dans la région éthiopienne du Tigré contre le premier ministre Abiy Ahmed depuis novembre 2020 ajoute de l’incertitude à l’investissement. En décembre, les Nations unies ont estimé qu’un million de personnes avaient été déplacées à cause du conflit. Or, les entreprises préfèrent de loin la stabilité pour investir de grosses sommes d’argent.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.