Alors que le Ghana a lancé un nouveau plan visant à mieux identifier les utilisateurs de téléphones afin de lutter contre la fraude, le ré-enregistrement de sa carte SIM pour continuer à l’utiliser peut prendre des heures.
Au Ghana, les personnes doivent réenregistrer leurs cartes SIM pour pouvoir continuer à utiliser leur téléphone portable. Le gouvernement a lancé l’exercice d’enregistrement des cartes SIM, qui a débuté en octobre dernier pour une période de six mois, afin de lutter contre la fraude.
Mais les Ghanéens doivent attendre de longues heures devant les centres de réseaux mobiles pour enregistrer à nouveau leurs cartes SIM, ce qui a suscité la frustration de certains.
Le 13 janvier, un petit groupe de 14 Ghanéens, dont un ancien parlementaire, a fait entendre sa voix pour boycotter les réseaux de téléphonie mobile lors d’une « Journée sans appels » en février.
« Nous demandons à tous les Ghanéens de ne pas passer ou recevoir d’appels téléphoniques afin d’exprimer notre inquiétude face au cirque qui entoure le réenregistrement des cartes SIM », ont-ils déclaré dans un communiqué. Ils demandent une méthode innovante pour réenregistrer les cartes SIM sans le « processus d’enregistrement inhumain actuel ».
Le numéro de téléphone est retiré des réseaux si la carte SIM n’est pas réenregistrée
Pour lutter contre les activités frauduleuses, l’Autorité nationale des communications a mis en place un processus de double vérification exigeant des utilisateurs qu’ils fournissent une carte d’identité nationale appelée Ghana Card.
Pour enregistrer une carte SIM, les Ghanéens doivent envoyer leurs informations personnelles à un numéro dédié, puis enregistrer leur carte d’identité et leurs informations biométriques directement dans la boutique de leur fournisseur de services. La procédure ne s’applique pas seulement aux nouvelles cartes SIM, mais aussi à toutes les cartes SIM existantes.
Les cartes SIM qui n’ont pas été enregistrées seront retirées des réseaux et les utilisateurs ne pourront plus se servir de leur téléphone portable pour passer des appels ou effectuer des transactions financières.
Le gouvernement a pourtant mené un précédent exercice d’enregistrement en 2010–2011, mais « il existe des enregistrements de fausses identifications et de noms fictifs dans les bases de données existantes des cartes SIM ». Dans le système actuel, les identifiants étaient invérifiables et les personnes pouvaient enregistrer leurs cartes SIM en utilisant ceux d’autres personnes sans aucun moyen de les vérifier, a expliqué le directeur de l’Autorité nationale de la communication, Nana Defie Badu.
Des fraudes avec le mobile money
Avec ce réenregistrement, le Ghana espère créer une base de données de SIM qui permettrait d’identifier les propriétaires et de freiner les activités frauduleuses et criminelles telles que la fraude au mobile money.
Le mobile money, l’argent par téléphone, a été introduit au Ghana en 2009 et est devenu très populaire. Mais les escroqueries et les fraudes se sont multipliées.
Un portefeuille électronique permet aux utilisateurs de conserver, d’envoyer et de recevoir de l’argent à l’aide d’un téléphone portable. Ce système a permis d’accroître l’inclusion financière au Ghana en permettant de creéer un compte bancaire, facilitant le paiement régulier de factures ou la gestion de l’épargne.
Mais si les abonnés peuvent posséder jusqu’à 10 cartes SIM sur l’ensemble des réseaux, tous les Ghanéens ne disposent pas d’une carte d’identité nationale leur permettant d’acheter des cartes SIM.
Les autorités ont lancé un plan en 2019 pour augmenter le nombre de nouvelles cartes d’identité. Mais en juin 2021, 16 millions des 31 millions de Ghanéens étaient enregistrés pour une nouvelle « carte Ghana » par l’Autorité nationale d’identification.
La date limite d’enregistrement des cartes SIM est fixée au 31 mars, mais elle pourrait être prolongée.