La cour administrative de la Nouvelle Calédonie a interdit l’abattage de requins dans les zones maritimes protégées. Cependant, celles-ci ne représentent qu’une petite partie des eaux territoriales et n’incluent pas les côtes de Nouméa. La mairie a décidé de continuer à chasser les requins en raison d’une recrudescence du nombre d’attaques.
La mairie de Nouméa a décidé le 18 septembre de continuer d’abattre les requins près de ses côtes pour améliorer la sécurité de sa population, et cela malgré une décision de justice l’interdisant dans les zones protégées.
La menace représentée par les requins est une des grandes préoccupations des politiques néo-calédoniens. D’après une étude de 2020, 67 cas d’attaques de requins ont été recensés en Nouvelle Calédonie depuis 1958, dont 13 mortelles.
La Nouvelle Calédonie se place au 13ème rang dans le classement du nombre d’attaques non-provoquées de requins recensées par le Florida Museum depuis 1580 jusqu’à aujourd’hui, où l’on retrouve les États-Unis (1 604 attaques), l’Australie (691) et l’Afrique du Sud (260) aux trois premières places.
Cependant les cas d’attaques de requin se sont multipliées ces derniers mois. Bastien Preuss, biologiste marin interviewé par The Guardian, explique que « les pêcheurs locaux ont nourri les requins pendant plus de dix ans avant de cesser soudainement de le faire. Aujourd’hui, les bateaux de pêche déversent chaque jour des milliers de litres de restes de poissons dans la baie, ce qui a pour effet d’attirer les requins. »
Face à ce constat, la maire de Nouméa, Sonia Lagarde, a pris des mesures pour « en éliminer un certain nombre, » selon ses dires à Franceinfo début septembre.
Elle a ainsi ordonné la fermeture des plages de la capitale jusqu’à fin novembre 2023. Cette fermeture des plages s’accompagne d’une campagne d’abattage massif de requins sur les côtes. Selon les différents communiqués des autorités, au moins 127 requins ont été tués depuis Avril.
Mais le 14 Septembre, le tribunal administratif de Nouvelle Calédonie a rendu son jugement et a décidé de suspendre la campagne à cause de « l’absence d’études scientifiques précises portant tant sur l’importance des populations de requins tigres et de requins bouledogues que sur l’impact de leurs prélèvements sur l’environnement ».
Pour Martine Cornaille, présidente de l’association Ensemble Pour La Planète (EPLP), cette décision résonne comme une « victoire » pour la protection de l’environnement contre « l’erreur manifeste » du gouvernement.
Un retour de l’abattage des requins ?
Malgré la décision judiciaire du 14 septembre, le comité municipal de Nouméa a affirmé que l’abattage des requins allait continuer à partir du 18 septembre car le jugement affecterait seulement des aires de gestion durable.
Islet Maître, Islet Canard et la pointe du Kuendu, trois îles situées au large de la capitale, sont donc protégées par la décision de la justice de l’abattage de requins. Mais pas les plages de Nouméa. Une grande partie de la côte de Nouméa n’est en effet pas réglementée par cet arrêt, laissant le champ libre pour la mairie de Nouméa. Comme nous pouvons le voir sur la carte seulement une infime partie des côtes de Nouméa est protégée notamment au Sud.
De fait, l’abattage de requins continue à Nouméa mais en dehors des zones auxquelles la justice a pu rendre son verdict, au grand dam des associations de protection de l’environnement, des scientifiques et de populations locales.
Dans la tradition kanak, les requins occupent une place sacrée. Il est respecté et « les pêcheurs d’ici ne chassent jamais le requin », indique Seneiko Wathe, chef de la tribu Hnapalu à Franceinfo.
D’autres projets sont maintenus comme l’installation d’un filet en métal de 758 mètres dans la Baie des Citronniers. Cette plage de Nouméa n’est pas considérée comme une zone maritime protégée malgré les plus de 1 000 espèces différentes qu’elle abrite.