Eskom, l’entreprise d’électricité sud-africaine qui émet plus de dioxyde de soufre que n’importe quel autre acteur du secteur

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7 octobre 2021

Eskom, le producteur d’électricité sud-africain, émet plus de dioxyde de soufre, un polluant atmosphérique à l’origine des pluies acides, que les secteurs de l’électricité des États-Unis et de la Chine réunis.

centrale à charbon en Afrique du Sud
Une centrale à charbon dans la province de Mpumalanga, où la plupart du charbon est extrait en Afrique du Sud | © Gerhard Roux, 2007

Eskom est la première entreprise de service public et de distribution d’électricité en Afrique du Sud, la plus grande productrice d’électricité en Afrique et la septième dans le monde. Elle fournit de l’électricité à 6,2 millions de consommateurs et emploie plus de 45 000 personnes.

Et selon le Centre for Research on Energy and Clean Air, elle est aussi l’acteur du secteur de l’électricité qui émet le plus de dioxyde de soufre (SO2) dans le monde.

Le dioxyde de soufre est un polluant atmosphérique produit principalement par la combustion de combustibles fossiles.

Il peut former des particules fines et les expositions à court terme peuvent nuire au système respiratoire chez l’homme et rendre la respiration difficile. Mais il menace également l’environnement car il est une source de pluies acides, endommageant le feuillage des arbres et des plantes et qui acidifie l’eau.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, les secteurs de l’énergie et de l’industrie (par exemple, la métallurgie) étaient à égalité en tant que premiers responsables des émissions de SO2 en 2015. Environ deux tiers du dioxyde de soufre présent dans l’atmosphère est créé par l’activité humaine, un autre tiers provenant des volcans.

Et en Afrique du Sud, environ 77% des besoins en énergie primaire sont assurés par le charbon alors que certains pays ont décidé de s’éloigner des projets de centrales au charbon avec le No New Coal Power Compact. Le pays est également le cinquième plus grand producteur de charbon au monde.

Eskom est responsable d’environ 10 % des émissions de SO2 provenant du charbon

Selon son propre rapport, Eskom a rejeté 1,6 million de tonnes de dioxyde de soufre dans l’air en 2019. C’est plus que l’ensemble de l’industrie électrique des États-Unis et de la Chine réunis.

En 2019, Eskom était à lui seul responsable d’environ 4,4 % des émissions mondiales de SO2, qui incluent les émissions naturelles issues des volcans, et de 12,4 % de toutes les émissions de SO2 provenant du charbon, selon une étude publiée par Greenpeace et le CREA.

Pour le CREA, cette quantité s’explique par le fait qu’Eskom n’a pas réduit ses émissions, contrairement à beaucoup d’autres. « Les grands émetteurs de polluants atmosphériques du secteur de l’électricité ont fait des progrès rapides en matière de réduction des émissions. Eskom est resté bloqué sur place, faisant pression contre les exigences les plus basiques pour réduire sa pollution au SO2. »

En 2020, une mesure du gouvernement sud-africain forçant à réduire les émissions de dioxyde de soufre est devenue deux fois moins restrictive qu’initialement prévue.

Dans l’intervalle, le monde a réduit de près de la moitié ses émissions de dioxyde de soufre anthropique, entre 2005 et 2019.

Seul l’ensemble du secteur électrique de l’Inde dépasse les émissions d’Eskom

Selon l’agence, le plus grand exploitant chinois de centrales à charbon n’émettrait que 2 % des émissions d’Eskom, avec un parc pourtant deux fois plus conséquent.

La Chine, bien que disposant d’un parc 20 fois plus important que celui de l’Afrique du Sud, a radicalement réduit ses émissions en moins de dix ans. En 2019, les émissions totales de la Chine, y compris les industries en dehors du secteur de l’électricité, ont chuté de 87 % depuis leur pic de 2011.

Seul la production d’électricité de l’Inde rejette plus de dioxyde de soufre qu’Eskom, alors que sa capacité de production issue du charbon est opérée par des dizaines d’entreprises différentes.

Les émissions du secteur énergétique indien ne sont que deux fois plus élevées que celles de l’Afrique du Sud, avec une capacité de production de charbon cinq fois plus importante que celle de l’Afrique du Sud. Mais le charbon indien est beaucoup moins chargé en soufre que le charbon sud-africain.

En 2021, les émissions d’Eskom en SO2 ont diminué de 7% par rapport à une année impactée par la baisse de la demande d’électricité due à la pandémie de Covid-19, et de 13% par rapport à 2019. Eskom prévoit de réduire les émissions de SO2 de 22% d’ici 2030.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.