Une affaire récente en Corée du Sud a donné lieu à une initiative visant à assouplir les lois relatives au mariage intrafamilial pour prévenir la consanguinité. Le ministère de la justice indique qu’il envisage désormais de revoir l’interdiction d’un mariage à partir de huit degrés de parenté pour le ramener à quatre. Une décision est attendue d’ici la fin de l’année.
Ce changement potentiel découle d’une affaire datant de 2022, dans laquelle un homme a tenté d’annuler son mariage après avoir appris qu’il se trouvait à six degrés de parenté – l’équivalent de cousin de deuxième degré – avec sa femme. Alors que la justice coréenne a déterminé que leur mariage se situait en dessous du huitième degré de parenté et l’a déclaré nul, l’épouse a fait appel de la décision et a demandé une révision constitutionnelle de la loi.
Par la suite, la Cour constitutionnelle a statué que si le mariage était légal, l’annulation de cette union n’était pas conforme à la Constitution. Dans sa décision, la Cour a estimé que l’invalidation de tels cas violait la liberté de mariage.
La Corée du Sud interdit depuis longtemps les mariages entre personne ayant les liens de sang à moins de huit degrés de parenté (appelés « chon » en coréen). Un frère ou une sœur a un lien de parenté de 2ème degré avec la personne, des neveux et nièces sont au 3ème degré, des cousins germains au 4ème degré, etc.
Dans la loi coréenne, cela signifie que les personnes ne peuvent pas épouser des cousins au troisième degré ou avec des liens familiaux plus proches. Cette interdiction s’explique en grande partie par le risque de maladies génétiques, qui sont plus susceptibles d’être transmises aux enfants de parents consanguins.
Par exemple, les enfants nés d’une union au quatrième degré (cousins germains) ont un risque de développer une maladie génétique environ deux fois plus élevé à celui des enfants nés de parents non apparentés. Toutefois, selon la recherche, il n’y a pas de relation claire entre les mariages au cinquième degré (et au-delà) et un quelconque risque de maladie.
À cet égard, la Corée du Sud a longtemps été perçue comme restrictive d’un point de vue légal.
D’un point de vue strictement législatif et au-delà des considérations d’acceptation sociale, des pays comme la France, l’Allemagne, ou encore le Royaume-Uni autorisent par exemple les mariages entre parents de sang du quatrième degré (cousins germains) et au-delà.
Malgré cela, l’éventualité d’une modification de la loi a suscité une certaine opposition, en particulier parmi les Coréens qui ont de fortes convictions confucéennes. Ces croyances remontent à plusieurs siècles dans la culture et impliquent des disciplines morales – comme la loyauté et la responsabilité – ainsi que des relations idéales entre les membres de la famille.
Plusieurs institutions confucéennes coréennes se sont regroupées pour publier une déclaration le 27 février dans laquelle elles affirment qu’une éventuelle modification de la loi est « un acte de destruction de la famille » et demandent au ministère de la justice d’interrompre ses recherches sur la question.
« Nous ne pouvons qu’être choqués par le fait qu’après avoir aboli l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe, le ministère fait maintenant pression pour modifier la loi afin d’autoriser le mariage même entre parents de sang et beaux-parents, ont-ils déclaré. Des changements radicaux dans la culture du mariage conduiront en fin de compte à la désintégration des familles et à l’effondrement de la moralité. »
Face à ces critiques, le ministère de la justice a répondu qu’il apporterait un amendement « en tenant compte de l’évolution du temps et du sentiment national, sur la base d’une enquête et d’une discussion approfondies menées par le comité de révision de la loi sur les litiges familiaux ».
Hyun So-hye, professeur à la faculté de droit de l’université Sungkyunkwan, qui étudie actuellement la question, a expliqué au Korea Herald que la volonté de modifier la loi semble découler d’une baisse notable du nombre de personnes maintenant des liens familiaux avec des parents au-delà du cinquième degré de parenté.
Cette évolution de la dynamique sociétale peut contribuer à l’acceptation culturelle croissante des mariages au sein de ces relations.
La Cour a recommandé de réviser la loi d’ici la fin de l’année 2024, mais a également indiqué que la loi actuelle devrait rester en vigueur jusqu’à ce qu’elle soit modifiée.