La Norvège envisage de suspendre les adoptions d’enfants étrangers

2 minutes de lecture
25 novembre 2023

Suite à plusieurs scandales d’adoptions illégales, le Ministère norvégien de l’Enfance et de la Famille pourrait annoncer la suspension du système d’adoption d’enfants étrangers en vue d’une enquête approfondie.

Oslo, capitale de la Norvège, où le ministère de l'Enfance et de la Famille envisage de suspendre temporairement les adoptions d'enfants étrangers
Oslo, capitale de la Norvège, où le ministère de l’Enfance et de la Famille envisage de suspendre temporairement les adoptions d’enfants étrangers | Illustration © Holger Uwe Schmitt

Bufdir, l’agence publique chargée des adoptions en Norvège, envisage de suspendre temporairement toutes les adoptions d’enfants étrangers en raison de plusieurs scandales révélés dans la presse.

La décision de Bufdir sera ensuite transmise, avant Noël, au Ministère de la Famille et de l’Enfance où la Ministre, Kjersti Toppe, prendra la décision finale. En cas d’approbation, les adoptions d’enfants de pays extérieurs à la Norvège seront suspendus au moins jusqu’en 2025.

Durant ce laps de temps, un comité, formé par la Ministre de l’Enfance, Kjersti Toppe, examinera la légalité du système d’adoption norvégien d’enfants étrangers.

Cette décision fait suite à plusieurs révélations ces derniers mois dans la presse norvégienne. Le quotidien Verdens Gang (VG) a révélé au grand public de nombreux cas d’adoptions illégales ou de non-respect des procédures.

Des enfants arrachés de leur foyer

Dans une enquête publiée en janvier, VG a révélé que les autorités norvégiennes étaient au courant d’adoptions illégales d’enfants venant de l’Équateur. A la fin des années 1980, 13 enfants équatoriens ont été enlevés et arrachés de leur famille par l’avocat Roberto Moncayo. Ces enfants avaient ensuite été transportés en Norvège pour être adoptés par d’autres familles. Le gouvernement norvégien avait même versé d’importantes sommes d’argent au gouvernement équatorien pour étouffer l’affaire.

D’autres affaires de kidnapping ou de faux contrats d’adoption ont été révélés par VG impliquant la Corée du Sud, la Colombie, les Philippines, Taïwan et d’autres pays. Dans la majorité de ces cas, le gouvernement était au courant de l’illégalité des procédures, mais n’a pas pris de mesures pour y remédier.

La médiatisation de ces affaires a encouragé de nombreux enfants adoptés à s’exprimer, suspectant d’avoir été adoptés illégalement. En 2022, sept d’entre eux avaient des suspicions, mais aujourd’hui, selon Bufdir, ils sont plus de 74.

Beaucoup d’entre eux ont commencé à témoigner et à chercher leurs parents biologiques près de 30 ans après.

Luis Mikal Bråtveit, l’un des 13 enfants kidnappés, a partagé son histoire à VG. À son arrivée en Norvège il se souvenait très bien de sa famille biologique, il témoigne qu’il ne s’est jamais senti chez lui en Norvège et demandait très souvent où étaient ses parents.

Maintenant adulte, il a pu retrouver sa famille mais « le lien avec [sa] famille biologique est complètement rompu. Oui, je peux apprendre à les connaître mais ce sentiment de sécurité avec ma mère, ça ils me l’ont pris pour toujours ».

Dans le même temps, Ea Kristine et Snorre Bakken, un couple norvégien interviewé par NRK, s’inquiètent face aux nouveaux reports des procédures d’adoption. Ayant déjà préparé la chambre pour leur futur enfant, les retards, initialement dus à la pandémie de Covid-19, persistent en raison de l’enquête à venir. Bien que le couple reconnaisse l’importance de procédures rigoureuses, ils remettent en question l’arrêt complet des démarches d’adoption.

Paul Raymond

Paul est rédacteur pour Newsendip.

Il a étudié les sciences politiques et les relations internationales à l'European School of Politics, Il adore la culture japonaise.