La crise inflationniste en Argentine s’est calmée en janvier, ce que le président Javier Milei considère comme une réussite notable de son plan de réformes économiques choc. Mais sa tentative controversée de remodeler l’économie argentine est loin d’être simple, car il a du mal à faire passer les réformes en raison de la résistance du Congrès. Le taux d’inflation pourrait également connaître un rebond significatif au cours des prochains mois.

L’inflation mensuelle en Argentine a été enregistrée par l’Institut national de la statistique et des recensements à 20,6% en Janvier, en baisse par rapport aux 25,5% enregistrés en décembre et juste en deçà des prévisions de l’agence Reuters qui tablaient un taux à 21%. Cependant, selon Reuters, la pauvreté pourrait continuer à monter en flèche avant que l’économie ne se stabilise.
Entré en fonction en novembre dans un pays en proie à des crises économiques récurrentes, où 50 % des Argentins vivent en dessous du seuil de pauvreté et où l’inflation a atteint en 2023 son niveau le plus élevé en 32 ans, le président d’extrême droite a présenté des propositions politiques radicales pour remédier aux problèmes économiques. Il a commencé son premier mandat en dévaluant le peso de plus de 50%.
Javier Milei attribue ce ralentissement de l’inflation à son plan de thérapie économique de choc. Confronté à un taux d’inflation annuel de plus de 250%, l’économiste libertarien a réduit les subventions de l’État et a supprimé le contrôle des prix, ce qui a entraîné une augmentation des prix de 26% pour les transports et de 44% pour les biens et services.
Cependant, malgré ce début d’amélioration, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoir dans son rapport intermédiaire sur les perspectives économiques de février 2024 que l’inflation en Argentine augmentera de 251% en 2024, contre une prévision de 135% en novembre. L’économie devrait également se contracter de 2,3%.
Le projet de loi omnibus
Le président a présenté au Congrès un ensemble de réformes visant à transformer l’économie et l’État. Ce vaste programme, connu sous le nom de « projet de loi omnibus », intègre des éléments de la vie publique et privée. Il vise, entre autres, à réduire les ressources consacrées à l’environnement et à la culture, restreindre les mouvements sociaux sociales et changer les lois sur le divorce.
Javier Milei a tenté de faire passer plus de 300 réformes dans ce seul paquet, ce qui a suscité des critiques et une résistance importante de la part des législateurs et du public. Selon le Buenos Aires Times, les critiques ont estimé le méga-projet de loi « inconstitutionnelle ». M. Milei, cependant, ne voit aucune raison de faire des compromis et a réagi de manière agressive, qualifiant ses opposants « d’idiots utiles » et réduisant de moitié le nombre de ministères.
En réponse, une série de manifestations ont éclaté contre Javier Milei depuis le 24 janvier, y compris une grève nationale organisée par la Confédération générale du travail, le plus grand syndicat du pays.
Tensions avec le Congrès
Bien que le projet de loi omnibus ait été approuvé par le Congrès le 2 février par 144 voix contre 109, il a ensuite été rejeté au cours d’un processus d’approbation et retiré de la chambre basse. Le paquet attend actuellement d’être débattu et réécrit dans les commissions, mais le président estime que les dommages sont irréversibles.
Javier Milei a accusé les gouverneurs d’avoir détruit le projet de loi et a renvoyé des députés, les traitant de « traîtres ». Dans une insulte délibérée au Congrès, le président a menacé de prononcer son discours du 1er mars sur les marches du palais plutôt que devant l’Assemblée législative.
La décision du président de faire fi du travail parlementaire et les inquiétudes des législateurs concernant le projet de loi omnibus a accru les tensions représente un recul politique en raison de son manque de coopération. Le Financial Times a souligné l’importance de la confiance des marchés dans ses réformes, et sans soutien législatif pour un plan fiscal à long terme, Milei sera confronté à des défis majeurs et devra s’appuyer sur des décrets pour gouverner, ce qui devrait tendre davantage ses relations avec le Congrès.
Toutefois, malgré ces critiques virulentes et les manifestations, le Fonds monétaire international (FMI) a un regard positif sur le paquet fiscal de M. Milei. La directrice générale, Kristalina Georgieva, a salué les « mesures décisives » comme un « pas important vers le rétablissement de la stabilité et la reconstruction du potentiel économique du pays ». Le FMI a par conséquent accepté un déboursement immédiat de 4,7 milliards de dollars pour « soutenir les efforts politiques importants des nouvelles autorités ».