Le Costa Rica vit sans armée depuis maintenant 75 ans. Vendredi, la population et les autorités ont célébré l’interdiction de l’armée dans un pays qui s’enorgueillit d’avoir transféré les fonds alloués au militaire vers l’éducation.

Le 1er décembre dernier, les Costaricains se sont réunis pour commémorer les 75 ans de l’abolition officielle de l’armée. Le rassemblement a eu lieu sur la Place de l’Abolition, où l’ancien président, José Figueres Ferrer, avait symboliquement détruit le mur de l’ancien quartier général militaire avec une masse, scellant la fin d’une période particulièrement sanglante.
José Figueres Ferrer fut le premier président du Costa Rica après une guerre civile ayant coûté la vie à 2 000 personnes selon les données officielles. Son parti avait remporté les élections générales avant la guerre, mais le pouvoir en place avait déclaré les résultats comme étant frauduleux. Ferrer a ensuite initié une révolte pour devenir le chef de l’État costaricien.
Les États-Unis ont contribué à installer le nouveau gouvernement au Costa Rica en soutenant le camp de Ferrer, celui anti-communiste, lors de la guerre civile.
En tant que chef de l’État, Ferrer a contribué à rédiger la constitution actuelle du Costa Rica en 1948. Et elle incluait la « prohibition de l’armée en tant qu’institution permanente. » Selon le ministère de la culture, cette mesure visait à « créer un climat de confiance et de stabilité après la guerre, » et à garantir le soutien des États-Unis. Aujourd’hui, les États-Unis sont le principal partenaire commercial du Costa Rica.
Investissement dans l’éducation plutôt que dans l’armée
Le pays d’Amérique centrale avait souhaité placer les budgets destinés aux dépenses militaires vers les dépenses autour de l’éducation. En 2022, le gouvernement du Costa Rica a investi 6,3% de son produit intérieur brut dans l’éducation publique, plus que les États-Unis et l’Allemagne, selon la Banque mondiale.
Le Costa Rica compte un pourcentage élevé de travailleurs ayant reçu une éducation supérieure. La Banque mondiale a publié que 75% de la main-d’œuvre costaricienne avait reçu une éducation avancée (niveau bachelor, soit quatre années d’éducation supérieure, ou équivalent). En comparaison, seuls 72% de la main-d’œuvre aux États-Unis ont le même niveau d’éducation.
Le Costa Rica est également classé comme l’un des pays les plus heureux au monde, selon plusieurs études sur le bonheur des citoyens. Selon la Base de données mondiale du bonheur, le Costa Rica est le 7ème pays le plus heureux du monde de 2010 à 2019.
Augmentation de la violence criminelle
Mais malgré l’histoire pacifique du pays, le Costa Rica a connu une augmentation de la criminalité en 2023. Cette année a enregistré 26% d’homicides de plus qu’en 2022 selon les données officielles du pouvoir judiciaire du Costa Rica.
Plus de 600 (environ 70%) des homicides de cette année avaient pour motif « le règlement de comptes ou la vengeance ». Selon le Département d’État américain, l’augmentation des crimes peut être attribuée au rôle du Costa Rica en tant que point de transit pour la cocaïne.
Un des objectifs du plan national du Costa Rica est de réduire le nombre d’homicides en s’attaquant au trafic de drogue et en soulignant la nécessité pour les autorités de « surveiller de près les zones frontalières et maritimes. »
Alors que d’autres pays d’Amérique latine peuvent mobiliser leurs forces militaires pour lutter contre le trafic de drogue, le Costa Rica s’appuie lui sur sa police pour la sécurité.
« Pour la vigilance et la préservation de l’ordre public, seules les forces de police nécessaires seront disponibles, » indique la constitution costaricienne.