Le gouvernement égyptien s’est mis d’accord sur un projet de loi qui permettrait aux Égyptiens de l’étranger d’importer des voitures sur le territoire sans aucune taxe. En contrepartie, le pays accumulera des réserves de change pendant cinq ans.
Lors d’une réunion le 12 octobre, le gouvernement égyptien a approuvé un projet de loi qui lève temporairement les taxes sur les importations de voitures de tourisme.
La nouvelle réglementation douanière donnera, aux Égyptiens, qui vivent à l’étranger d’importer une voiture particulière pour un usage non-commercial en étant exemptés des tarifs douaniers et des taxes, y compris de la taxe sur la valeur ajoutée.
Mais ce droit n’est accordé que si les acheteurs paient la voiture, qui ne doit pas avoir plus de trois ans, comptant avec des devises étrangères provenant d’un compte bancaire étranger. Les Égyptiens éligibles à l’exonération fiscale doivent avoir une résidence à l’étranger, être âgés d’au moins 16 ans et posséder un compte bancaire ouvert à l’étranger depuis au moins trois mois.
Selon le communiqué, le gouvernement a répondu aux demandes de longue date d’Égyptiens vivant à l’étranger. Les voitures haut de gamme sont souvent moins chères à l’importation que sur le marché intérieur égyptien alors que la réglementation avaient été renforcée pour les importations de voitures il y a quelques années. Mais le porte-parole du gouvernement, Nader Saad, a déclaré sur Elbalad TV que cette mesure n’affecterait pas l’industrie automobile nationale, car l’exonération fiscale ne sera que temporaire.
Les avantages ne seront en effet disponibles que pendant quatre mois après l’entrée en vigueur de la loi, ce qui devrait intervenir dans deux semaines après une coordination entre la ministre des finances, la Banque centrale et les autorités compétentes. Les détails concernant les devises étrangères éligibles et le montant de la taxe pour chaque type de véhicule seront communiqués ultérieurement.
Des réserves de devises étrangères en baisse
Mais l’Égypte pourra également collecter quelques devises étrangères de cette manière. Les acheteurs doivent en effet d’abord payer toutes les taxes au ministère des finances pour obtenir le droit d’importer le véhicule. Et le ministère conservera cet argent pendant au moins cinq ans avant de le restituer à l’acheteur au taux de change effectif de la date d’achat. Si l’importation n’est pas réalisée dans l’année qui suit l’achat, l’administration remboursera l’acheteur en lui versant exactement le même montant dans la devise étrangère qui avait été transférée.
Cette annonce intervient dans un contexte de diminution des réserves en devises, d’inflation et de dépréciation de la livre égyptienne.
Certaines banques ont encore plus limité les retraits de devises étrangères des comptes en monnaie locale cette semaine, selon Reuters. Les réserves internationales nettes de l’Égypte ont diminué de 19 % depuis le début de l’année 2022, avec des baisses importantes en mars, mai et juin.
La guerre entre l’Ukraine et la Russie a considérablement affecté l’Égypte, l’un des plus grands importateurs de blé ukrainien et russe au monde.
En mars, pour stabiliser les marchés financiers la Banque centrale d’Égypte avait utilisé des réserves excédentaires en devises étrangères pour « couvrir les sorties substantielles des investisseurs étrangers et couvrir partiellement la demande locale » afin que les importations de biens stratégiques restent disponibles et que les prix soient stables. Elle a également dû rembourser des obligations de la dette extérieure en mai pour 2 milliards de dollars.
Mais malgré les efforts de la Banque centrale, la livre égyptienne a perdu environ 18 % de sa valeur par rapport au dollar américain en deux jours en mars, et la monnaie n’a cessé de se déprécier depuis, ce qui a nourrit l’inflation dans le pays.
L’inflation en Égypte n’a cessé d’augmenter en 2022 et s’est accélérée depuis la guerre en Ukraine. En septembre, l’indice des prix à la consommation a enregistré une augmentation annuelle de 15 %, et a atteint 18 % si l’on exclut les hausses de prix des denrées alimentaires et de l’énergie, selon la Banque centrale d’Égypte.
L’Égypte espère signer un accord de soutien avec le Fonds monétaire international.
