Dans un contexte d’augmentation du prix des aliments, l’Égypte va contrôler celui du pain pour limiter l’inflation d’un produit particulièrement essentiel pour les Égyptiens.
Le 15 mars, le président Abdel Fattah El Sisi a ordonné au gouvernement de fixer le prix du pain non subventionné dans une tentative de contrôler les récentes augmentation de prix sur la nourriture à cause de la guerre en Ukraine.
El Sisi a demandé d’étudier les coûts de production et le prix final du pain non subventionné au tarif libre. De plus, le cabinet ministériel a autorisé le ministre de l’approvisionnement d’instaurer un mécanisme de contrôle du prix sur les miches de pain non subventionné pour une période de 3 mois.
Le prix fixé n’a pas été encore communiqué, mais les autorités devront s’assurer que la mesure soit respectée. Le gouverneur du Caire prévoit déjà d’ouvrir un numéro de téléphone pour que la population dénoncent les commerçants qui ne respecteraient pas les prix fixés.
L’Égypte est le premier importateur mondial de blé. La guerre entre l’Ukraine et la Russie, tous les deux gros producteurs et exportateurs de blé vers l’Égypte, a considérablement augmenté les prix du blé et de la farine. Par ailleurs, l’Ukraine a interdit l’exportation de blé et restreint ses dérivés pour donner la priorité à sa population et tenter d’éviter une « crise humanitaire ».
Le pain est un élément essentiel du régime alimentaire des Égyptiens. Certaines miches ont un prix libre qui répond aux lois du marché de l’offre et de la demande. Le pays a également un pain subventionné dont le prix est régulé par le gouvernement qui coûte beaucoup moins cher que le pain baladi non subventionné.
Le prix du pain est un sujet sensible en Égypte. En 2017, des manifestants sont descendus dans la rue par peur d’une baisse des subventions sur le pain. Pendant la Révolution de 2011, “Pain, Liberté, Justice sociale« était le cri de ralliement des foules. En 1977 déjà, les émeutes du pain contre la fin de la nourriture fournie par l’État a provoqué la mort d’environ 70 Égyptiens en deux jours.
Avec la guerre en Ukraine et le cours du blé qui s’envole sur les marchés internationaux, le prix du pain au tarif libre a bondi de 40–50% en Égypte récemment. Et dans ce contexte, de nombreux pays essayent d’assurer leur sécurité alimentaire en limitant les exportations de leurs productions.
L’Égypte essaye également d’assurer son approvisionnement en blé.
En plus du contrôle des prix, le gouvernement va aide les agriculteurs égyptiens avec une aide pour couvrir les coûts de livraison et de transport comme incitation afin d’augmenter l’approvisionnement local de blé. L’incitation augmente d’environ 8% le prix auquel les producteurs vendent leur récole aux agences gouvernementales.
En novembre dernier, l’Égypte avait déjà augmenté le prix du blé local de 14% pour améliorer ses approvisionnements.
Les agriculteurs pourront également vendre leur récolte du printemps à l’État dès le 1er avril au lieu du 15 avril.
De plus, le ministère de l’approvisionnement exige une quantité minimum de blé que les producteurs doivent fournir à l’État. Et si les grandes exploitations fournissent plus de 90% de leur récolte printanière à l’État, ils seront également remboursés des engrais pour les semences d’été.
Le président a également exigé d’augmenter les stocks de biens de première nécessité afin qu’ils dépassent les six mois. Les autorités affirment que l’Égypte a assez de blé et de riz jusqu’à la fin de l’année, de bœuf, volailles et huile pour cinq à six mois.
Le mois de Ramadan arrivant, les Égyptiens les plus vulnérables recevront des lots de biens essentiels et auront accès à de la nourriture à tarif réduit.