Le Premier ministre pakistanais a ordonné le rétablissement de l’accès à Wikipédia dans le pays après avoir été bloqué quelques jours en raison de contenu « sacrilège ».
Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a ordonné la levée de l’interdiction de Wikipédia après que l’accès au site dans le pays a été entièrement bloqué par les autorités, considérant qu’il comportait des contenus « sacrilèges ». Mais un comité gouvernemental de ce pays à majorité musulmane reste chargé d’étudier les manières de bloquer l’accès aux « contenus répréhensibles ».
Marriyum Aurangzeb, la ministre fédérale de l’information et de la radiodiffusion, a partagé sur Twitter une copie de l’ordre du Premier ministre de remettre Wikipédia en ligne avec effet immédiat le 6 février.
Le site internet de Wikipédia, l’encyclopédie libre générée par les utilisateurs, était bloqué par l’Autorité des télécommunications du Pakistan (PTA) depuis le 3 février car il comportait des contenus que la PTA considérait comme « sacrilèges et répréhensibles ».
La Wikimedia Foundation, le fonds à but non lucratif qui gère Wikipédia, a reçu une notification de l’Autorité des télécommunications du Pakistan le 1er février, indiquant que « les services de Wikipédia ont été dégradés pendant 48 heures » pour n’avoir pas retiré du site les contenus jugés « illégaux » par le gouvernement. La PTA n’a pas précisé quel contenu devait être retiré. Certains articles de Wikipédia comportent des représentations du prophète Mahomet.
La Wikimedia Foundation a répondu sur son site qu’elle « ne prend pas de décisions concernant le contenu qui est inclus dans Wikipédia ou la manière dont ce contenu est maintenu », ce qui est « conçu pour garantir que les articles sont le résultat de nombreuses personnes qui se réunissent pour déterminer quelles informations devraient être présentées sur le site, ce qui donne des articles plus riches et plus neutres ».
Vendredi, des rapports de trafic internes ont indiqué que les sites de Wikipedia et Wikimedia n’étaient plus accessibles aux utilisateurs du Pakistan. Wikipédia en anglais reçoit habituellement plus de 50 millions de pages vues par mois dans le pays, suivie des Wikipédias en ourdou et en russe, selon la fondation.
Le Premier ministre de la cinquième nation la plus peuplée du monde a réuni les ministres de la loi et de la justice, des affaires économiques et politiques, de l’information et de la radiodiffusion afin d’examiner l’interdiction de Wikipédia. Le comité a estimé que Wikipédia favorise la diffusion de connaissances et d’informations pour le grand public, les étudiants et les universitaires. De ce fait, le blocage complet du site « n’est pas une mesure appropriée pour restreindre l’accès à certains contenus répréhensibles/sujets sacrilèges ». Elle est parvenue à la conclusion que « les conséquences involontaires de cette interdiction générale surpassent donc sur ses avantages ».
Cependant, le comité doit encore explorer et recommander des « mesures techniques alternatives pour supprimer ou bloquer l’accès aux contenus répréhensibles publiés sur Wikipédia » dans un délai d’une semaine.
En décembre 2020, la PTA a émis des avis à l’intention de Google Inc. et de Wikipedia en raison de la diffusion de « contenus sacrilèges » par le biais des plateformes. YouTube et Facebook ont également été interdits par le passé pour avoir publié des contenus jugés blasphématoires.
Le Pakistan a bloqué YouTube de 2012 à 2016 après la diffusion d’un film sur le prophète Mahomet qui a entraîné de violentes protestations dans le monde musulman. Ces dernières années, le pays a également bloqué à plusieurs reprises l’application de partage de vidéos TikTok en raison de contenus « indécents » et « immoraux ».