Daniel Noboa, conservateur de 35 ans, a battu Luisa González, du parti progressiste Mouvement de la révolution citoyenne. M. Noboa a mené une campagne axée sur le renforcement de la répression des crimes violents et sur l’avènement d’un « Nouvel Équateur », la présidence précédente s’étant soldée par un procès pour corruption et les meurtres étant devenus une préoccupation nationale.
Le Conseil national électoral de l’Équateur (CNE) a annoncé hier soir que les élections générales avaient favorisé le parti modéré Action démocratique nationale (ADN), présidé par Daniel Noboa. Il a devancé Luisa González, du parti Mouvement de la Révolution citoyenne (RC), connue pour se revendiquer du « correísmo », mouvement politique inspiré du président de 2007 à 2017 Rafael Correa.
Daniel Noboa a remporté ces élections générales qui ont connu un taux de participation de 82,33 % selon le CNE. Il sera le plus jeune président équatorien de l’histoire. González aurait été la première femme à assumer ce rôle si les résultats lui avaient été favorables.
Daniel Noboa est le fils d’Álvaro Noboa, l’un des hommes d’affaires les plus riches du pays, qui a bâti un empire dans les engrais, les plastiques, ou encore avec la marque de bananes Bonita. Daniel était un homme d’affaires avant de devenir un homme politique, fondant une entreprise de divertissement à l’âge de 18 ans. En 2021, il a été élu député à l’Assemblée nationale, le principal organe législatif de l’Équateur.
Ces élections ont eu lieu à la suite d’une crise politique qui a eu raison de la présidence précédente.
Guillermo Lasso avait été élu président de l’Équateur pour un mandat allant de 2021 à 2025. Cependant, en mai 2023, Lasso a utilisé un mécanisme constitutionnel pour mettre fin prématurément à son mandat et convoquer de nouvelles élections à cause d’un scandale de corruption.
M. Lasso était accusé d’être impliqué dans une vaste affaire de corruption gouvernementale impliquant le président lui-même ainsi que d’autres hommes politiques et personnalités impliqués dans le trafic de stupéfiants, sur la base d’informations révélées par le média équatorien La Posta en janvier 2021.
L’affaire portait sur la collusion avec des trafiquants de drogue, la falsification de documents officiels conduisant à l’utilisation abusive de fonds publics et l’aide apportée à certaines entreprises pour qu’elles puissent contourner la loi.
M. Lasso fut traduit en justice devant l’Assemblée nationale en mai 2023. Cependant, avant que l’audition n’aboutisse à un verdict, M. Lasso a invoqué l’article 148 de la Constitution qui permet au président de l’Équateur de dissoudre l’Assemblée nationale dans des conditions spécifiques.
Comme il était jugé par l’Assemblée nationale, la dissolution de celle-ci signifiait que le procès était nul et que de nouvelles élections devaient être organisées. La raison invoquée par Guillermo Lasso était la « grave crise politique » au sein du gouvernement, provoquée par le procès.
La campagne de Daniel Noboa promettait une application plus stricte de la loi, dans un contexte d’augmentation de la violence armée et des meurtres dans le pays.
Selon l’Institut des statistiques du gouvernement équatorien, l’année 2022 a connu le pic le plus élevé d’homicides volontaires dans le pays depuis que les données ont commencé à être collectées en 2014. En 2022, l’Équateur a enregistré 4 823 homicides volontaires, soit près de deux fois plus qu’en 2021. Cette augmentation a été attribuée au trafic de drogue.
Outre l’augmentation statistique de la violence, la campagne présidentielle a été marquée par le meurtre de l’un des candidats, Fernando Villavicencio. Il a été assassiné par balles à la sortie d’un meeting de campagne avec ses partisans. Les membres du groupe responsable ont été arrêtés et ont déclaré faire partie d’une organisation criminelle.