Les autorités argentines veulent maintenir les restrictions sur les exportations de bœuf en 2022

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3 décembre 2021

L’Argentine a limité les exportations de viande bovine vers la Chine afin de réduire la hausse des prix de la viande sur le marché intérieur. Le gouvernement souhaiterait continuer en 2022.

Morceau d'asado argentin
Un asado argentin, un morceau de bœuf dont l’exportation est interdite en Chine | © José Ignacio Pompé, 2018

Depuis le mois de mai, l’Argentine restreint les exportations de viande bovine mais la réglementation était censée prendre fin le 31 décembre. Sauf que le gouvernement prévoit de poursuivre les restrictions sur l’exportation de bœuf en 2022, selon les médias argentins.

Le 30 novembre, le ministre de l’agriculture Julián Domínguez a envoyé aux principales organisations représentant l’industrie agricole le plan pour 2022, qui prévoyait un statu quo des restrictions actuelles.

Mais pour Jorge Chemes, le président des confédérations rurales argentines, l’une des quatre corporations négociant avec le gouvernement, le ministre a promis qu’ils libéreraient les restrictions d’ici la fin de l’année.

Suspension des exportations de bœuf pour ralentir l’inflation

La réunion entre les deux parties a ensuite été reportée. Elles discuteront le 9 décembre afin de trouver une solution avant la fin de l’année.

Les restrictions sur les exportations de bœuf ont été mises en place pour juguler la hausse des prix de la viande depuis mai 2021. Si le gouvernement impose un statu quo, le volume des exportations en 2022 pourrait inférieur de 25 % à celui de 2021.

En mai, le gouvernement a complètement suspendu l’exportation de bœuf pendant un mois, à l’exception de certains accords avec l’Europe et les États-Unis. Cette décision vise et affecte spécifiquement la Chine, le plus grand client de la viande argentine, qui achète 75% des exportations de bœuf.

Des restrictions de ce type ont déjà eu lieu en Argentine dans le passé. Les exportations de bœuf étaient soumises à un quota entre 2006 et 2015 afin d’éviter la hausse des prix des denrées alimentaires.

Depuis que les limitations ont été supprimées en 2015, le volume des exportations a été multiplié par quatre. En 2015, moins de 200 000 tonnes de bœuf avaient été exportées. Les volumes ont atteint 933 000 tonnes au cours des 12 mois précédant mai 2021.

Dans le même temps, l’Argentine souffre d’une inflation galopante. En octobre, l’Argentine a gelé les prix de 1 432 produits de grande consommation jusqu’à la fin de l’année étant donné que leurs prix avaient augmenté plus vite que l’inflation des quatre dernières années.

Le prix de la viande de bœuf a également plus augmenté que l’inflation alors que l’offre et la consommation nationales ont considérablement diminué (-12 % en un an). Le gouvernement considère que les producteurs se tournent davantage vers la demande croissante de la Chine que sur le marché intérieur. Plus de 25% de la production de viande bovine était consacrée à l’exportation en 2019 et 2020, contre seulement 18% en 2018.

Les morceaux de bœuf les plus prisés conservés pour l’Argentine

L’Argentine a interdit les exportations des sept morceaux de bœuf les plus demandés comme la poitrine, le rôti (l’asado), et les morceaux à griller, pour un barbecue ou une milanaise. Elles sont préemptées pour le marché argentin.

En juin, le gouvernement a alors décidé de se rouvrir légèrement au marché extérieur. Il a alors autorisé l’envoi d’une partie de la viande casher en Israël, ou permis les exportations vers le Chili et la Colombie. Et en octobre, il a autorisé les exportations vers la Chine pour un volume limité d’un type spécifique de viande destinée à la conserve ou au bœuf transformé.

L’industrie affirme que 90 % des exportations vers la Chine sont de la viande qu’un Argentin ne mangerait pas de toute façon. Ils envoient de la viande de qualité moindre provenant de vaches âgées de 8 à 10 ans, devenues trop vieilles pour se reproduire ou produire du lait.

Idéalement, les producteurs souhaiteraient que toutes les restrictions soient levées. Ils assurent qu’il n’y aura pas de pénurie de viande bovine en Argentine.

Les producteurs de bœuf argentins boucleront l’année 2021 avec environ 800 000 tonnes de bœuf exporté. Comme les restrictions ont commencé en mai, l’année 2022 devrait se terminer à environ 600 000 tonnes, soit 25 % de moins qu’en 2021.

Les quatre organisations agricoles, appelées La mesa de enlace, veulent faire une contre-proposition au gouvernement. Elles demanderont la suppression de toutes les restrictions, à l’exception des meilleurs morceaux de viande, qui seront réservés à la population argentine.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.