Une université de Sydney a mené une enquête auprès de 1 945 Australiens sur les attirances et délits sexuels auprès des enfants. Il s’agit de la plus grande étude jamais entreprise à l’échelle mondiale selon les auteurs, avec un certain nombre de résultats clés sur leurs profils.

L’université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW) a publié une étude d’une ampleur sans précédent sur les délinquants sexuels au sein de la population masculine australienne. L’étude menée auprès de 1 945 hommes australiens anonymisés, qui ont répondu à une enquête en ligne, a permis d’obtenir des informations sur le profil des délinquants sexuels. De manière générale, l’étude a révélé qu’un Australien sur six a répondu qu’il avait eu des attirances sexuelles pour des enfants.
Environ un Australien sur 20 ont des sentiments sexuels pour les enfants et ont commis un délit, une statistique corrélée à un certain nombre d’autres facteurs avec un niveau de confiance de 95%. Leurs réponses autodéclarées indiquent que les personnes de ce groupe sont six fois plus susceptibles d’avoir subi des abus sexuels dans leur enfance que celles qui ont répondu qu’elles n’avaient commis aucun délit à l’encontre d’enfants ou qu’elles n’éprouvaient aucun sentiment sexuel à leur égard.
« La maltraitance des enfants et la violence à l’égard des femmes sont des déterminants sociaux de l’abus sexuel des enfants, écrit l’UNSW. Les programmes d’aide aux enfants victimes de maltraitance, de négligence et de violence domestique peuvent jouer un rôle dans la prévention des abus sexuels sur enfants. »
Les pédophiles, de gros consommateurs d’internet
Les délinquants qui ont admis avoir des sentiments sexuels pour les enfants et qui ont commis des délits sont de plus grands consommateurs de contenu pornographique, mais aussi d’internet dans son ensemble. Par exemple, s’ils étaient 3,67 fois plus susceptibles de regarder du porno, ils étaient aussi 4 fois plus susceptibles de participer à faire des rencontres en ligne et 3,55 fois plus susceptibles de faire des achats en ligne.
« Les hommes qui avaient des sentiments sexuels et des comportements offensants à l’égard des enfants étaient nettement plus susceptibles d’utiliser internet à de nombreuses fins que les hommes qui n’avaient pas de sentiments sexuels ou de comportements offensants à l’égard des enfants », écrit l’UNSW. Ces hommes étaient également plus enclins à regarder de la pornographie « violente et déviante » par un facteur de 11.
Les hommes qui ont déclaré avoir commis des délits à l’encontre d’enfants et avoir des sentiments sexuels pour eux sont plus proches des enfants que la moyenne. « Ce groupe avait 2,73 fois plus de probabilité de travailler avec des enfants que les hommes qui n’avaient pas de sentiments sexuels ou de délits à l’égard des enfants », indique le rapport.
Toutes les relations sont « statistiquement significatives », ce qui signifie qu’elles ont une forte probabilité de ne pas être le fruit du hasard. En revanche, elles pourraient être insignifiantes, car le lien de cause à effet n’est pas connu. Par exemple, le fait qu’il soit 11 fois plus probable que les délinquants sexuels d’enfants regardent de la pornographie violente comparée aux non-délinquants ne signifie pas nécessairement qu’une personne qui regarde du porno violent soit un délinquant sexuel.
L’échantillon de 1 945 hommes australiens a été choisi comme un échantillon élaboré en fonction de l’âge, de la région de résidence, du revenu annuel du ménage et du niveau d’éducation, selon le recensement australien de 2021. L’enquête a été réalisée via Cloudresearch, un service en ligne « bien adapté aux sujets de recherche sensibles » car il offre l’anonymat contrairement aux enquêtes en personne ce qui permet de recueillir des réponses plus fiables dans ce contexte, selon une étude citée en référence par l’UNSW.
Et une classe sociale plus élevée que la moyenne
L’étude a montré que 29,6 % des hommes ayant déclaré avoir des sentiments sexuels pour des enfants souhaitaient obtenir de l’aide pour faire face à leurs sentiments. Et ce sont aussi ceux qui sont le plus susceptibles de commettre des infractions et de représenter un risque pour les enfants. Il est donc essentiel d’offrir de l’aide aux personnes pour « afin d’éviter que les enfants ne subissent des préjudices à l’avenir », preconise le rapport.
Un autre résultat important de l’étude concerne la classe sociale des délinquants sexuels ou des hommes qui ont des attirances envers les enfants. Ils ont tendance à avoir une classe sociale plus élevée que la moyenne.
Michael Salter, le responsable de l’enquête, a déclaré que de nombreux délinquants étaient « bien connectés et facilement ignorés. Cette étude donne une visibilité sans précédent au nombre de pédophiles non détectés dans la communauté australienne. »
« En mettant en lumière les caractéristiques des auteurs individuels et les modèles sociaux et technologiques plus larges qui favorisent leurs abus, nous espérons que cette recherche pourra servir de catalyseur au changement afin d’assurer la sécurité des enfants », espère M. Salter.