Une enquête italienne menée auprès de lycéens de Rome a révélé que 82 % des adolescents italiens sont dépendants aux smartphones. Près de la moitié d’entre eux considèrent qu’il s’agit d’un problème urgent. Un sur dix a partagé des images intimes d’eux-mêmes, parmi lesquels 20% ont été forcés de le faire.
Une étude publiée le 30 novembre par Eures, un institut de recherche italien, en collaboration avec le ministère du travail et des politiques sociales et la région du Latium, a étudié les usages et les habitudes d’adolescents italiens avec les téléphones.
Ils ont interrogé et reçu les questionnaires de 1 649 enfants d’établissements du secondaire à Rome. Généralement âgés de 14 à 18 ans, ils ont passé en revue leurs expériences avec leur téléphone portable, des jeux en ligne au sexting, ainsi que leur dépendance à cet appareil.
22 % sont fortement dépendants aux smartphones
En moyenne, l’enquête montre que plus de la moitié de la génération Z italienne a reçu son premier smartphone à l’âge de 11 ans ou avant. Cela correspond au moment où ils quittent l’école primaire pour entamer leurs années de collège. Seul un tiers d’entre eux a reçu un téléphone après ses 11 ans.
La nouvelle génération ne semble cependant pas toujours pressée d’en obtenir un. En fait, un peu plus de la moitié des jeunes Italiens ont reçu un téléphone après en avoir fait la demande à leurs parents. Mais 41 % d’entre eux ont déclaré l’avoir reçu de manière inattendue comme cadeau sans même l’avoir demandé.
Parmi les jeunes Italiens, 82 % ont au moins une dépendance légère au smartphone.
Près d’un sur quatre (22%) est considéré comme fortement dépendant avec une « utilisation prolongée et/ou incontrôlée de leurs smartphones ». Dans ces cas de trouble de dépendance à Internet (TDA), il y a une plus forte probabilité que les adolescents soient confrontés à des troubles psychosomatiques tels que l’anxiété, les troubles de l’humeur, le déficit d’attention, la nomophobie (no mobile phobia, la phobie de ne pas avoir son téléphone portable), etc. Les accros au smartphone sont aussi plus susceptibles de se retirer des activités sociales et de vivre dans un monde virtuel.
La première raison pour laquelle les adolescents italiens utilisent un smartphone est…qu’ils n’en ont pas vraiment, sinon pour échapper à l’ennui et combler le vide de l’inactivité par du divertissement. Et ils utilisent énormément leur smartphone.
Les adolescents italiens passent plus de 6 heures par jour avec un smartphone
Les jeunes Italiens utilisent leur smartphone 6 heures par jour en moyenne et un sur quatre l’utilise plus de 8 heures par jour. En moyenne, les jeunes filles l’utilisent une heure de plus par jour que les garçons italiens.
Les smartphones sont l’élément central de la vie des adolescents. Souvent multitâches, ils passent le plus de temps, plus de 2 heures par jour, à regarder des stories et des vidéos d’amis, d’influenceurs ou de célébrités sur Internet. Puis ils passent également leur temps à communiquer avec leurs amis. Le téléphone portable est le choix privilégié de 9 adolescents italiens sur 10 pour écouter de la musique, et de 45 % d’entre eux pour suivre l’actualité.
Quatre-vingt-dix pour cent ont un compte Instagram actif, 87 % utilisent WhatsApp.
Pourtant, la jeune génération italienne considère que le temps approprié à passer sur un smartphone serait de 4 heures et 14 minutes par jour, même si c’est le temps d’utilisation réel de moins d’un jeune sur cinq. Sept personnes sur dix admettent qu’elles passent trop de temps sur leur téléphone. Elles l’utilisent également pour se sentir mieux quand ils ont une baisse de moral (72 %).
Les jeunes sont en quelque sorte conscients que l’addiction aux smartphones est un problème. Quatre-vingt-cinq pour cent d’entre eux la considèrent comme un problème pour leur génération. Et près de la moitié d’entre eux (44 %) pensent que la dépendance aux smartphones est une « véritable urgence pour les nouvelles générations ». Leur opinion sur les dangers de l’addiction aux smartphones est largement partagée puisque seuls 15 % d’entre eux rejettent toute forme de problème ou le considèrent comme exagéré.
20 % des adolescents qui ont partagé des images intimes d’eux-mêmes ont été forcés de le faire
Mais ils considèrent également leur smartphone comme une sphère privée « inviolable », puisque seuls 15 % d’entre eux estiment que les parents ont le droit de contrôler les activités de leurs enfants sur les téléphones. Certains pourraient par ailleurs craindre la réaction des parents lorsqu’ils découvrent l’usage qu’ils en font.
En effet, 1 jeune sur 10 a déjà partagé des images ou des vidéos intimes ou sexuellement explicites d’elle-même au moins une fois au cours des 3 dernières années.
Pour 64 % de ceux qui ont partagé des images ou des vidéos intimes d’eux-mêmes, le principal moteur de cette activité est le divertissement, « ce qui confirme le manque de connaissance des conséquences possibles (judiciaires et psychologiques) de ces comportements », souligne le rapport.
Plus alarmant encore, 20 % des personnes qui ont partagé des photos ou des vidéos intimes d’elles-mêmes et qui ont répondu au questionnaire ont déclaré qu’elles n’étaient pas en mesure de dire non. Le rapport explique qu’elles l’ont fait pour « se conformer à une demande à laquelle elles n’ont pas pu échapper ».
Quarante-quatre pour cent des filles italiennes qui ont fait l’expérience du sexting ne l’ont pas apprécié, alors que seulement 18 % des garçons en ont une expérience négative.
Avec le sexting et le partage d’images intimes, les risques de revenge porn augmentent. Et 8 % des personnes qui ont partagé leurs propres images ou vidéos intimes les ont ensuite retrouvées sur Internet contre leur gré.