Modi et l’Inde abrogent les lois sur l’agriculture votées il y a 14 mois mais fortement contestées

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19 novembre 2021

Les trois lois controversées sur l’agriculture qui ont entraîné des manifestations d’agriculteurs pendant un an seront abrogées, a annoncé le Premier ministre indien Narendra Modi.

Narendra Modi
Dans un discours à la nation, Narendra Modi a annoncé l’abrogation des trois lois sur l’agriculture qui faisaient polémique en Inde | © Narendra Modi, Twitter

Le 19 novembre, le Premier ministre indien Narendra Modi s’est excusé auprès de la population et a annoncé l’abrogation des trois lois sur l’agriculture.

« En présentant mes excuses à la nation, je tiens à dire, avec un cœur sincère et pur, que quelque chose nous a peut-être échappé et que nous n’avons pas pu expliquer la vérité », a rappelé M. Modi en faisant référence aux lois destinées à aider les petites exploitations agricoles.

L’annonce a été faite avant Guru Nanak Jayanti, une journée célébrée par les sikhs du monde entier alors que de nombreux manifestants sont issus de la communauté sikhe du Pendjab.

Cette décision intervient également avant les élections dans les États de l’Uttar Pradesh, du Pendjab et de l’Uttarakhand, où vivent de nombreux agriculteurs. Les agriculteurs représentent 41 % de la main-d’œuvre du pays et constituent une source importante de votes, alors que Modi reste très populaire parmi les Indiens alphabétisés.

Libéralisation de l’agriculture indienne

En novembre 2020, les agriculteurs ont marché ou conduit depuis les États de l’Haryana, de l’Uttar Pradesh et du Pendjab pour installer des campements autour de New Delhi, bloquant les routes avec leurs tracteurs pour contester les lois votées par le gouvernement.

Bien que les perturbations se soient concentrées autour de la capitale indienne, les protestations se sont également propagées dans les régions agricoles. Le Pendjab, le « grenier de l’Inde », a par exemple vu son service ferroviaire fortement perturbé à la fin de l’année 2020.

En 2019, Narendra Modi s’était engagé à doubler le revenu des agriculteurs d’ici 2020, ce qu’il comptait faire en libéralisant et en modernisant l’agriculture.

Les agriculteurs doivent vendre leurs récoltes à des comités contrôlés par l’État. Les comités nationaux réglementent les tarifs et limitent ainsi les profits des agriculteurs tout en leur garantissant un revenu minimal en retour.

Les lois votées en septembre 2020 permettaient aux agriculteurs de vendre leurs produits directement à des entreprises privées.

Mais les manifestants estimaient que les grandes entreprises profiteraient de leur vulnérabilité en faisant pression sur les petits agriculteurs pour faire baisser les prix.

Les manifestations se sont intensifiées au début de l’année 2021, attirant l’attention de la communauté internationale sur la situation.

Les camps d’agriculteurs resteront en place jusqu’à ce que les lois soient abrogées

Le 26 janvier, lors de la fête de la République indienne, la police a autorisé 5 000 tracteurs à participer à une manifestation à New Dehli, alors que la parade militaire de la fête de la République de Delhi était également prévue dans la ville le même jour.

Mais plus de 200 000 tracteurs se sont rassemblés dans la capitale et des personnes ont pénétré dans le Fort Rouge, un monument classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

En réponse, l’Inde a coupé internet sur les téléphones pour empêcher les agriculteurs de s’organiser et a fait fermer des comptes sur les réseaux sociaux pour reprendre la main sur le discours. L’Inde est le pays qui bloque le plus internet de manière volontaire, la plupart du temps pour des raisons politiques.

Mais les manifestations se sont poursuivies. En octobre, huit personnes sont mortes, dont quatre manifestants dans l’Uttar Pradesh.

Les agriculteurs continueront à camper jusqu’à ce que les lois soient officiellement abrogées à la fin du mois de novembre. Ils réclament également une loi garantissant un prix minimum pour les récoltes.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.