Une étude a cherché à comprendre pourquoi les Britanniques ont tendance à se considérer comme appartenant à la classe ouvrière alors qu’ils ne le sont pas.
Une étude de la London School of Economics a tenté de comprendre les raisons pour lesquelles certaines personnes vivant dans un milieu privilégié se percevaient comme appartenant à un milieu ouvrier modeste.
Pour ce faire, Friedman et al. ont interrogé 175 personnes avec un travail considéré comme faisant partie de la classe moyenne tel que référencé dans la classification socio-économique des statistiques nationales britanniques. La quasi-totalité d’entre elles se sont identifiées appartenir à la classe moyenne ou à la classe moyenne supérieure. Mais plusieurs d’entre elles ne se sont pas correctement rattachées à leurs origines.
Selon une étude d’Ipsos, le Royaume-Uni est en majorité une population appartenant à la classe moyenne, incluant ainsi environ 55 % des Britanniques depuis les années 2000. Toutefois, en 2008, un sondage soulignait que 52 % des personnes interrogées se considéraient encore comme appartenant à la classe ouvrière.
According to an Ipsos study, the UK have become more middle class, with a roughly 55–45% split since 2000. However, in 2008, a poll highlighted 52% would still consider themselves as working class.
Différences entre perception d’une position sociale et réalité
Dans l’étude de la LSE, la justification d’appartenance à un milieu ouvrier s’accompagne souvent d’un récit sur les origines des membres de la famille élargie, tels que les grands-parents, qui étaient en fait ouvriers.
Les personnes interrogées « ont tendance à minimiser le côté privilégié de leur propre éducation et à mettre l’accent sur les affinités avec l’histoire de leur famille élargie faisant partie de la classe ouvrière ».
De cette manière, les personnes occupant des rangs plus privilégiés dans la société se sentent légitimes de leur situation, grâce à la méritocratie en mettant l’accent sur le travail par exemple.
Ce type d’idée fausse sur les appartenances sociales apparaît comme une spécificité britannique.
Dans les pays occidentaux, les personnes ont tendance à se faire une fausse idée de leur position dans la société. Cependant, la plupart d’entre elles pensent qu’elles appartiennent à la classe moyenne. Par exemple, les personnes se perçoivent rarement comme riches, et les auteurs suggèrent que cela peut s’expliquer par la théorie du groupe de référence.
Distorsion de la réalité
Cette théorie suggère que les personnes se comparent à leur environnement social immédiat.
Les personnes ressemblent souvent aux groupes sociaux auxquels elles appartiennent, comme leur famille ou leurs amis. Et au final, cette ressemblance crée une normalisation de son statut social et donne le sentiment d’être « au milieu ». Par conséquent, les personnes riches se retrouvent souvent dans un groupe autre que le sien.
Au final, ces deux perceptions servent à justifier que les privilèges sont légitimes.
Néanmoins, ces distorsions de la réalité peuvent donner des perceptions erronées de la société dans laquelle on vit. En effet, seuls 10 % des Britanniques issus de la classe ouvrière accèdent à des postes de direction.
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Sources et liens utiles :
- Deflecting Privilege : Class Identity and the Intergenerational Self, 2020, accès gratuit
- The Class Ceiling : Why It Pays to Be Privileged, Friedman et Laurison, 2019
- UK became more middle class than working class in 2000, data shows, The Guardian, 2016, accès gratuit