Un hôpital des Pays-Bas a signalé qu’un ancien gynécologue avait utilisé son propre sperme pour des inséminations artificielles sans en informer les futurs parents. Ce cas n’est pas le premier et d’autres cas devraient suivre.
L’ancien gynécologue responsable des inséminations artificielles à l’hôpital Carolus a admis avoir utilisé son propre sperme à plusieurs reprises de 1977 à 1985 sans autorisation.
L’hôpital Jeroen Bosch, qui a depuis fusionné avec l’hôpital Carolus, a publié l’information sur son site le 8 février. L’hôpital est situé à “s‑Hertogenbosch, également connu sous le nom de Den Bosch, une ville des Pays-Bas qui compte aujourd’hui 150 000 habitants.
L’hôpital a estimé qu’il s’agissait d’une « responsabilité sociale » d’annoncer la nouvelle car chaque enfant « a le droit de savoir qui est son père et chaque femme devrait pouvoir compter sur son médecin pour faire ce qui a été convenu ».
En 2021, un enfant issue d’un donneur s’est présenté à l’hôpital Jeroen Bosch car il soupçonnait être l’enfant de l’ancien gynécologue Dr Henk Nagel. Le médecin a alors effectué un test ADN, qui a révélé qu’il était bien le père biologique.
Entre 1977 et 1985, le Dr Henk Nagel était le seul des trois gynécologues de l’hôpital à être responsable des inséminations artificielles. Aucun traitement avec don de sperme n’a été effectué à l’hôpital Jeroen Bosch depuis 1994.
Les futurs parents n’étaient pas au courant et n’ont donc pas donné leur consentement. Le médecin a admis avoir utilisé son propre sperme dans trois autres situations.
À l’époque, il n’existait aucune réglementation concernant la conception d’un enfant avec donneur. Mais l’hôpital considère « qu’il était alors éthiquement incorrect d’utiliser son propre sperme sans en informer les parents et leur demander la permission. Nous trouvons inacceptable qu’un médecin spécialiste de la fertilité ait été à la fois thérapeute et donneur de sperme. »
Une enquête indépendante supplémentaire suivra afin de déterminer plus précisément ce qui s’est passé.
L’hôpital a déclaré que le profil ADN de l’ancien gynécologue était disponible dans une base de données ADN des donneurs qui vise à relier les donneurs et les enfants. L’ADN du médecin ne correspondait à aucun autre enfant figurant dans cette base de données jusqu’à présent. Tous les enfants ne sont pas enregistrés dans la base de données, mais l’application est gratuite.
Selon De Volkskrant, le président de l’hôpital a déclaré que le Dr Henk Nagel l’avait fait à l’époque pour aider les parents, mais qu’avec le recul il ne le referait plus aujourd’hui.
La partie émergée de l’iceberg
Aux Pays-Bas, il s’agit du quatrième médecin spécialiste de la fertilité connu pour avoir secrètement donné du sperme sans autorisation. D’autres révélations, dont au moins une prochainement, devraient suivre.
Fin 2020, l’hôpital Isala de Zwolle a déclaré que le gynécologue obstétricien Jan Wildschut avait engendré au moins 47 enfants avec son propre sperme entre 1980 et 1994. Il a été démasqué en 2019 alors que l’ADN de plusieurs enfants non apparentés se rejoignaient dans des bases de données de tests d’ADN.
Il s’est avéré qu’il remplaçait parfois le sperme du mari par le sien. Il n’a tenu aucun journal ni aucune note lorsqu’il était en charge de l’administration de la clinique. Il est décédé en 2019.
Au début de l’année, on a appris que Jos Beek, un médecin spécialiste de la fertilité de l’hôpital Elisabeth de Leiderdorp serait le père biologique d’au moins 21 enfants nés entre les années 1970 et 1980 sans dire qu’il était donneur de sperme.
Il y a quelques années, on a appris que le sperme de Jan Karbaat était utilisé dans plusieurs cliniques, y compris dans sa propre clinique de fécondation in vitro dans la banlieue de Rotterdam. Il pourrait être le père biologique d’environ 80 enfants. Jan Karbaat est décédé en 2017.
La loi néerlandaise limite à 25 le nombre d’enfants qui peuvent être conçus à partir d’un même donneur de sperme. Les enfants ont le droit de connaître l’identité de leur donneur dès l’âge de 16 ans depuis 2004. Avant 2004, le don de sperme anonyme était autorisé aux Pays-Bas.
Il n’existait en fait aucune réglementation sur le don de sperme dans les années 80 par exemple.
Ties van der Meer, président de la Fondation Donorkind, pense que ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Seuls 10 % des enfants savent qu’ils sont issus d’un don. La Fondation Donorkind est une organisation qui défend le droit pour les enfants de donneurs de connaître leurs parents biologiques.
Auparavant, le sperme des donneurs était mélangé, il était conseillé aux parents de garder le secret, les papiers n’étaient ni remplis ni conservés pendant 30 ans et l’idée était essentiellement que les parents seraient tout simplement heureux d’avoir un enfant.