Au Brésil, la mort d’un membre du groupe indigène Pataxó Hã-Ha-Hãe met en lumière les tensions entre les communautés indigènes et les agriculteurs autour de l’occupation des terres. Le président brésilien s’engage à offrir un soutien fédéral au groupe indigène suite à la fusillade.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva affirme qu’il apportera une aide fédérale aux populations indigènes du sud de l’État de Bahia à la suite d’un récent conflit qui a entraîné la mort par balle d’une personne et blessé au moins huit autres.
Selon les différentes informations recueillies, le 21 janvier, environ 200 agriculteurs dans l’est du Brésil sont arrivés à bord de véhicules après que les Pataxó Hã Hã Hãe, un groupe indigène brésilien, a investi une ferme locale.
Au cours des évènements, probablement en présence de la police militaire, Maria de Fatima Muniz, connue sous le nom de Nega Petaxo, a été tuée par balle. Son frère, le chef Nailton Pataxo, a également été blessé par balle et a survécu après une intervention chirurgicale. Plusieurs autres personnes ont été blessées sans que leur vie ne soit en danger.
Deux suspects, dont le fils d’un agriculteur âgé de 19 ans et un officier de la police militaire de réserve âgé de 60 ans, ont été arrêtés après le conflit. Un membre indigène portant une « arme artisanale » a également été arrêté sur les lieux.
Des photos et vidéos diffusés dans les médias locaux et sur les réseaux sociaux montrent des policiers protégeant des fermiers alors qu’ils encerclaient la communauté indigène et ouvraient le feu.
Selon un communiqué de l’Articulation des peuples indigènes du Brésil, « les paysans de la région ont encerclé la zone avec des dizaines de camions pendant que la police tirait sur les indigènes. Ils se sont rassemblés via WhatsApp, en invitant les agriculteurs et les commerçants à reprendre possession de la ferme de leurs propres mains. Une vidéo montre les blessés à terre, toujours sans assistance, entourés par un groupe de ruralistes qui célèbrent la violence. »
Soniz Gaujajar, la ministre brésilienne des peuples indigènes, a dénoncé le groupe d’agriculteurs pour avoir récupéré les terres « par leurs propres moyens, sans décision judiciaire ». Elle a déclaré dans une interview que les terres occupées par les indigènes avaient été « récupérées dans le cadre d’une occupation traditionnelle ». En réponse, le président Lula a déclaré lors d’une interview à la radio : « Je veux mettre le gouvernement fédéral à la disposition de Jeronimo (Rodrigues, gouverneur de Bahia) et des peuples indigènes pour trouver une solution pacifique ».
Dans le même temps, le ministère public fédéral et les défenseurs publics de l’Union et de Bahia ont publié une déclaration distincte dans laquelle ils affirment que le meurtre des populations indigènes est lié aux actions d’une milice armée opérant dans l’État.
Nega Petaxo a été décrite comme une dirigeante politique et spirituelle de son peuple, soucieuse de guérir la terre. Ceux qui l’ont connue ont déclaré que son leadership spirituel avait contribué à mobiliser les jeunes et les femmes indigènes en vue d’améliorer l’environnement.
Ce différend fait suite aux tensions persistantes qui ont eu lieu l’année dernière à propos d’un projet de loi controversé sur la démarcation qui limiterait les droits de revendication des autochtones à la période antérieure au 5 octobre 1988, date à laquelle la constitution brésilienne actuelle a été promulguée.
Les scientifiques estiment que les terres indigènes créent d’importantes zones tampons contre la déforestation en Amazonie. Le Brésil compte plus de 700 terres indigènes reconnues.
Un rapport publié l’année dernière par le Conseil missionnaire indigène (CIMI) a révélé que 800 indigènes brésiliens ont été tués pendant le mandat de Jair Bolsonaro en tant que président du Brésil de 2019 à 2022.
L’année dernière, l’État de Bahia a signalé 211 conflits fonciers, ce qui en fait la troisième zone de conflit du pays.