L’ancien président du Pérou Ollanta Humala est le premier à être jugé parmi plusieurs anciens chefs d’États impliqués dans l’affaire de corruption massive d’Odebrecht.

Le procès de l’ancien président péruvien Ollanta Humala et de son épouse Nadine Heredia pour le scandale de corruption Odebrecht a débuté le 21 février.
Humala est accusé d’avoir financé illégalement la campagne présidentielle de 2011 avec le soutien de l’entreprise de construction brésilienne Odebrecht, et du gouvernement vénézuélien d’Hugo Chávez pour sa campagne électorale infructueuse de 2006.
Le président Humala et son épouse rejettent toute malversation.
L’accusation a requis 20 ans de prison contre l’ancien président du Pérou et 26 ans pour son épouse sur la base d’accusations de blanchiment d’argent et de contributions irrégulières lors des deux campagnes électorales. Des amis et des membres de la famille sont également accusés d’avoir participé au stratagème.
Le couple est accusé d’avoir reçu 3 millions de dollars de l’entreprise de construction brésilienne Odebrecht pour la campagne électorale de 2011. Nadine Heredia est également accusée d’avoir acheté des propriétés avec cet argent.
Le procès réunira 285 témoins, dont l’homme d’affaires Marcelo Bahía Odebrecht. M. Odebrecht a admis, dans un accord avec le ministère américain de la justice, avoir versé 800 millions de dollars de pots-de-vin à de hauts fonctionnaires dans une douzaine de pays d’Amérique latine et d’Afrique en échange de contrats lucratifs de travaux publics.
Le scandale de corruption lié à Odebrecht a entaché les plus hauts dirigeants politiques du Pérou au cours des deux dernières décennies. Humala est le premier ancien dirigeant péruvien à être jugé dans le cadre du plus grand scandale de corruption d’Amérique latine.
Trois autres anciens présidents du Pérou ont été impliqués dans l’affaire.
L’ancien président Alejandro Toledo, au pouvoir de 2001 à 2006, est également accusé d’avoir reçu illégalement 20 millions de dollars d’Odebrecht. Le Pérou demande son extradition des États-Unis.
Pedro Pablo Kuczynski, qui a quitté le pouvoir en 2018, est assigné à résidence pour des accusations similaires. Faisant face à une mise en accusation pour avoir prétendument reçu 782 000 dollars d’Odebrecht, il a finalement démissionné de son poste en mars 2018.
Keiko Fujimori, candidate à l’élection présidentielle qui a perdu contre Kuczynski en 2016 et Pedro Castillo en 2021, a également été placée en détention provisoire en 2018 à ce sujet avant d’être libérée.
Et lorsque les autorités sont venues en 2019 arrêter Alan García pour l’enquête sur Odebrecht, le président du Pérou de 2006 à 2011 s’est suicidé d’une balle dans la tête.
Humala et sa femme ont été incarcérés en 2017 mais libérés l’année suivante. Aujourd’hui, l’ancienne première dame est assignée à résidence et l’ex-président est libre, même s’il doit se rendre chaque mois à un tribunal pour se présenter devant un juge.
Le procès se déroule de manière virtuelle en raison de la pandémie. L’entreprise Odebrecht a été renommée Novonor.