En Argentine, la décision de la Cour suprême, validant une loi réduisant la peine des repentis, a assombri la position de la vice-présidente Cristina Kirchner dans une affaire de corruption qui l’a condamnée à une peine de prison.
Le 19 septembre, la Cour suprême d’Argentine a décidé de maintenir une loi qui rouvre les accusations contre la vice-présidente de l’Argentine, en pleine campagne électorale pour les élections présidentielles et législatives qui auront lieu en octobre.
L’affaire concerne la condamnation de Cristina Fernández de Kirchner, l’actuelle vice-présidente de l’Argentine, pour avoir participé à une organisation criminelle impliquant des fonctionnaires. Fin 2022, Mme Kirchner a d’ailleurs été condamnée à six ans de prison pour ces fait, mais elle a pu éviter la prison grâce à son immunité politique.
La décision de la Cour suprême s’inscrit dans le cadre d’une procédure d’appel lancée par Mme Kirchner, qui plaide son innocence.
Mme Kirchner et son entourage sont confrontés à 540 cas de corruption. Les accusés auraient reçu des pots-de-vin de la part d’entreprises, ce qui fut révélé par l’ancien chauffeur du ministère de la planification, Oscar Centeno.
M. Centeno a enregistré des trajets qui auraient amené de l’argent au domicile de Cristina Kirchner, qui était alors réceptionné par son ancien secrétaire privé, Daniel Muñoz, aujourd’hui décédé.
Plusieurs fonctionnaires impliqués dans cette affaire ont bénéficié de la loi 27.304 du code pénal argentin adoptée en 2016. Cette loi dite des « repentis » prévoit une réduction de la peine de prison pour ceux qui fournissent des informations qui « empêchent le déclenchement, la poursuite ou la réalisation d’un délit ».
Cristina Kirchner condamnée à six ans de prison en 2022
En réponse à l’application de la loi, un accusé et ancien ministre de la planification sous les Kirchner, Julio Miguel De Vido, a émis un recours en cassation lors de son audience de défense en 2018 et a plaidé que la loi était inconstitutionnelle.
En novembre 2020, ce recours en cassation a été rejeté par deux des trois juges en charge de l’affaire, le troisième ayant exprimé son désaccord en invoquant l’inconstitutionnalité de la loi. M. De Vido a réagi en introduisant un autre recours en cassation, qui fut également rejeté. Il a ensuite porté l’affaire devant la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays.
Hier, la Cour suprême a donc décidé de soutenir la constitutionnalité de la loi sur les repentis, rouvrant de fait le dossier contre Mme Kirchner et ses complices présumés.
La réouverture de ces accusations intervient en pleine campagne électorale, bien que la vice-présidente ne briguera pas un nouveau mandat. Mais elle conserve une influence certaine sur la politique argentine. Mme Kirchner a été présidente de l’Argentine pendant deux mandats et est considérée comme une figure du kirchnérisme.
Javier Milei, le leader de Libertad Avanza, une coalition de partis de droite, nationalistes et libertaires, qui est arrivé en tête des primaires qui détermine, entre tous les partis, les responsables politiques ayant recueilli assez de voix pour être candidat à la présidence, a récemment déclaré qu’il « mettrait fin au kirchnerisme et à la classe politique ».
Outre cette affaire, la vice-présidente fait l’objet d’autres accusations, dont une l’accusant de blanchiment d’argent qui a récemment été rouverte. L’avocat de Mme Kirchner a fait appel de cette décision, estimant que les trois juges, les mêmes que lors du recours en cassation sur la loi des repentis, auraient dû être présents.