En Allemagne, une société de conseil lance un programme pilote testant la semaine de travail de 4 jours dans le but de défendre ce modèle à l’aide de données scientifiques. Il est prévu qu’au moins 50 entreprises participent à ce projet de 6 mois qui démarrera en février 2024.
Des entreprises en Allemagne pourront tester la semaine de travail de 4 jours tout en recevant le soutien d’Intraprenör, un cabinet de conseil berlinois à l’initiative du projet pilote.
Il s’agira d’un essai supervisé et guidé d’une durée de six mois, pendant lequel les heure de travail seront réduite sans que le salaire et les indicateurs de productivité ne soient modifiés. Tout au long de la période de test, les entreprises participantes auront accès à des méthodes et à des outils, et auront la possibilité d’engager des discussions avec d’autres participants au programme. L’évaluation et la publication des résultats sont prévues pour octobre 2024.
Intraprenör collabore avec l’organisation néo-zélandaise 4 Day Week Global, dont l’objectif est de transformer le travail tel que nous le connaissons en soutenant l’efficacité et la productivité sans que cela inclut nécessairement de longues heures de travail. Cette organisation a déjà lancé plusieurs programmes test à travers le monde, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Irlande, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
En 2022, elle a publié un rapport basé sur les essais menés aux États-Unis et en Irlande avec la participation de 33 entreprises. Les résultats se sont révélés extrêmement positifs.
Des intérêt dans l’adoption d’une semaine de travail plus courte
Selon le rapport, les revenus ont augmenté d’environ 8 % pendant l’essai et de 37,6 % par rapport à la même période en 2021.
Les performances au travail et la productivité ont augmenté, de même que le taux d’embauche, et il y a eu une diminution de l’absentéisme et des démissions. Les employés étaient moins stressés et moins épuisés, et leur santé physique et mentale s’est améliorée. Dans l’ensemble, leur qualité de vie s’est considérablement améliorée, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du lieu de travail.
Intraprenör souhaite à présent étudier si les résultats de tests pilotes similaires s’appliqueront aux entreprises allemandes et ainsi identifier les industries et les secteurs qui bénéficient le plus de l’adoption d’un tel modèle.
Bien qu’aucun pays n’ait officiellement adopté la semaine de travail de quatre jours, de nombreuses administrations procèdent actuellement à des essais ou à la mise en œuvre d’une semaine de travail plus courte.
De nombreux pays ont exprimé leur intérêt pour ce type de modèle en raison de ses multiples avantages. Pramila Jayapal, membre du Congrès américain, et Mark Takano, membre de la Chambre des représentants et tous deux du parti démocrate, ont réintroduit un projet de loi visant à faire de la semaine de travail de 32 heures la règle dans le pays. Récemment, Mme Jayapal a déclaré que « les travailleurs méritent un équilibre dans leur vie, et une semaine de travail de 32 heures leur permettrait d’y parvenir », en se référant aux grèves de travailleurs qui ont lieu actuellement dans l’industrie automobile américaine.
Selon les statistiques de l’OCDE de 2022, les Pays-Bas ont la semaine de travail la plus courte de toute l’Europe, avec 30,4 heures de travail, mais qui s’explique en partie par l’importance du travail à temps partiel et des contrats flexibles sans heures de travail minimum dans le pays.
Les salariés allemands enclins à une semaine de travail de 4 jours
Selon une étude récente, 81 % des salariés à temps plein en Allemagne sont intéressés par une semaine de travail de quatre jours.
Cela s’explique notamment par le fait que l’attachement des salariés allemands à leur travail n’a jamais été aussi faible que depuis 2012, et que 58 % des Allemands déclarent se sentir régulièrement stressés, selon des études réalisées en 2022 par Gallup et Ipsos. La semaine de travail de quatre jours est attrayante pour les employés parce qu’elle accroît la satisfaction et réduit le stress. Elle peut améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée en offrant suffisamment de temps pour se détendre, socialiser et s’adonner à ses activités préférées.
Le concept peut également séduire les employeurs. Selon 4‑Day Week Global, 95 % des entreprises décident de conserver le modèle de la semaine de travail de quatre jours après la fin de l’essai pilote. La productivité augmente, car les employés sont plus concentrés pendant leurs heures de travail réduites. Ce facteur, ainsi que la diminution des coûts, tels que l’électricité ou la climatisation des bureaux, influencent la croissance et la rentabilité de l’entreprise. Les employés satisfaits s’impliquent dans l’entreprise sur le long terme, ce qui améliore son image et attire de nouvelles recrues, clients et partenaires.
La semaine de travail de 4 jours peut aussi avoir des inconvénients
Mais des inconvénients notables sont signalés par l’université de Maryville.
La réduction du nombre d’heures de travail peut aussi entraîner plus de stress et de fatigue, car les employés peuvent parfois difficilement accomplir leurs tâches avec moins de temps à y consacrer. Pour y remédier, l’université a suggéré une meilleure gestion de certaines activités en réduisant notamment les longues réunions.
En outre, tous les emplois ne peuvent pas appliquer ce modèle. Par exemple, certains services doivent rester disponibles à toute heure du jour ou de la nuit. Si la semaine de travail de l’entreprise est réduite, les clients risquent de subir des temps d’attente plus longs et d’être moins satisfaits, ce qui nuira à la réputation de l’entreprise et diminuera ses revenus en choisissant un autre opérateur.
L’université suggère également que la réduction du temps de travail peut à terme diminuer l’engagement des employés, qui s’investiraient moins dans la réussite et les objectifs de l’entreprise sur le long terme.
Les résultats du projet pilote devraient ainsi permettre de mettre lumière de nouvelles découvertes ou de confirmer des résultats existants pour aider les entreprises allemandes et des autres pays qui souhaiteraient franchir le pas.