Avec un taux de chômage de 3,5%, les Pays-Bas connaissent une pénurie de main-d’œuvre record avec plus de postes ouverts que de personnes sans emploi.

Les derniers chiffres trimestriels du marché de l’emploi néerlandais publiés par Statistics Netherlands (CBS) le 17 mai montrent une nouvelle pénurie de main-d’œuvre record dans le pays.
Il y a désormais 133 postes vacants pour 100 personnes sans emploi au premier trimestre 2022 aux Pays-Bas, soit le septième trimestre de hausse consécutif. Au cours du quatrième trimestre de 2021, ce ratio n’était que de 106 postes pour 100 chômeurs. C’était pourtant la première fois qu’il y avait plus de postes vacants que de personnes sans emploi depuis au moins 2008.
Cette pénurie de main-d’œuvre est le résultat à la fois d’une augmentation des offres, +59 000 postes ouverts en un trimestre, et de la baisse du chômage (-32 000 personnes sans emploi ; ‑9%).
Il y avait 451 000 postes vacants au premier trimestre 2022. Les secteurs du commerce, des services aux entreprises et de la santé représentent la moitié des opportunités non pourvues. Le nombre d’offres dans le secteur Horeca – hôtels, restaurants, cafés – est celui qui a augmenté le plus rapidement, étant multiplié par deux par rapport au trimestre précédent, alors que les Pays-Bas ont fermé restaurants et bars en décembre pour lutter contre la pandémie de COVID-19.
On compte désormais 8 826 000 salariés dans un pays qui a créé 102 000 emplois en un trimestre (+1,2%). Les travailleurs indépendants représentent 2 418 000 personnes (+1,1%), soit plus d’un cinquième de la population active hollandaise. Ces deux catégories atteignent des chiffres jamais atteints.

La pénurie de main-d’œuvre peut même parfois provoquer des perturbations dans les transports publics et la circulation. Le Ketheltunnel, un tunnel près de Rotterdam, a été brièvement fermé récemment parce que deux employés étaient malades et que personne n’était en mesure de les remplacer.
D’autre part, 338 000 personnes recherchent un emploi, soit seulement 3,5 % de la population active, ce qui constitue le plus bas niveau depuis 2003 et la publication de statistiques trimestrielles sur l’emploi. Parmi elles, 83 000 personnes sont à la recherche d’un emploi depuis plus d’un an – soit 25% des chômeurs.
Pour la ministre des Affaires sociales Karien van Gennip, les entreprises doivent désormais « être attractives pour les demandeurs d’emploi en matière de salaires, de culture de l’entreprise, de formation, d’horaires et de méthodes de recrutement », à la lumière de ces données. La ministre note également qu’il est possible d’augmenter le nombre d’heures travaillées, car de nombreux employés aux Pays-Bas sont à temps partiel.
Sur les 11,2 millions de personnes ayant un travail aux Pays-Bas, 2,7 millions (24 %) étaient sous un « contrat de travail flexible », c’est à dire sans horaires fixes. Ils peuvent avoir une fourchette d’heures minimum et maximum, ou même ne pas avoir d’heures garanties et se présenter lorsque l’employeur les appelle. Les emplois à horaires flexibles sont moins nombreux qu’avant la pandémie de COVID-19. Néanmoins, il y a encore 491 000 travailleurs à temps partiel sous-utilisés, selon Statistics Netherlands.
Mais le réservoir de main-d’œuvre potentielle a également diminué. Il se compose, en plus des chômeurs, des personnes avec un travail qui cherchent un autre emploi, des travailleurs à temps partiel qui essaient d’avoir plus d’heures ou des chômeurs récents qui ne cherchent pas d’emploi. Ce potentiel de main-d’œuvre inexploité était de 1,1 million de personnes, soit une baisse de 6 % (-75 000) par rapport au trimestre précédent.
La pénurie de main-d’œuvre aux Pays-Bas devrait durer encore quelques temps.