La police néerlandaise a plus eu recours à l’usage de la force en 2021 qu’en 2020 et 2019, ce qu’elle explique par un mécontentement croissant de la société et d’une remise en cause de l’autorité.
Aux Pays-Bas, la police a eu recours à la force lors de 18 477 incidents en 2021, soit une augmentation de 12 % par rapport à 2020 et de 27 % par rapport à 2019. Cela représente 2 000 situations supplémentaires où la violence a été utilisée, selon les statistiques publiées par la police néerlandaise le 7 avril.
Par ailleurs, la police a enregistré 30 046 actions violentes de la part des agents en 2021, soit une augmentation de 26 % par rapport aux 23 939 usages de la force en 2019, avant la pandémie de Covid-19.
Le rapport explique que ce recours accru à la force est une conséquence de la pandémie et des effets des restrictions sanitaires sur la société. « Nous faisons notre travail dans une société où il y a du mécontentement et où l’autorité est de plus en plus remise en question. C’est ce que l’on peut constater dans la nature des incidents », a déclaré Frank Paauw, le commissaire de police chargé de superviser les brutalités policières.
La police néerlandaise utilise le terme « violence » dans ses statistiques en faisant référence à l’usage de la force, ce qui ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit d’un recours excessif des moyens coercitifs.
Les actions coercitives enregistrées par la police en tant qu’actes violents peuvent être le recours à la force physique (55 % des cas), l’utilisation d’une arme à feu (8 %) – la plupart du temps, les policiers n’ont fait que viser quelqu’un avec celle-ci – l’utilisation de matraques (5 %), de gaz lacrymogène (4 %), de menottes (3 %), etc. Les agents ont tiré 78 fois de manière intentionnelle avec une arme à feu.
Le recours au gaz lacrymogène, aux canons à eau et à la police montée a particulièrement augmenté en raison du nombre de manifestations contre les restrictions liées au coronavirus l’année dernière.
Le pays a connu des émeutes en janvier et novembre 2021, lorsque les autorités ont annoncé un couvre-feu et des restrictions pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Et parfois, les choses ont « dégénéré », selon le ministère public (OM).
La semaine dernière, l’OM a également constaté « une augmentation du mécontentement social et une baisse de confiance dans les actions du gouvernement ».
Plus de 1 200 personnes ont été poursuivies pour avoir résisté à la police et 1 046 plaintes ont été émises pour agression contre des agents publics, principalement des policiers, en 2021. Dans l’ensemble, le plus grand nombre d’incidents et de recours à la force par la police a été enregistré à La Haye, avec 2 911 incidents et 4 574 usages de la force l’an dernier.
Si la justice a traité à peu près le même nombre d’affaires pénales en 2021 et 2020, les statistiques provisoires montrent que les procès pour menaces ont augmenté de 8% par rapport à 2020 et de 29% par rapport à 2019. Par ailleurs, les procès pour rébellion (254) ont doublé par rapport à 2020 et ont été presque six fois plus nombreux qu’en 2019 (43).
La police néerlandaise enregistre ses actes de violence depuis trois ans, une pratique qui, selon Frank Paauw, les aide à « mieux évaluer comment s’est déroulé le recours à la force, s’il s’est bien passé et si nous ferions la même chose la prochaine fois. De cette façon, nous continuons à apprendre de notre usage de la force”.
Il a également noté que les agents n’ont pas eu à recourir à la violence dans 99 % des incidents. En 2021, la police a enregistré près de 15 millions d’incidents et le recours à la force a représenté 0,12% des situations. Les moyens coercitifs ont été utilisés 30 046 fois au cours des 18 477 incidents enregistrés.
Quatre-vingt-dix pour cent des évaluations ont conclu que les agents avaient utilisé la force de manière légitime et dans le cadre de la loi. Lors des enquêtes internes, 231 agents, soit 2 % de ceux qui ont fait usage de la force, n’ont pas agi de manière « professionnelle”.