En Suède, le gouvernement estime que le pays est arrivé à un point où il n’est plus nécessaire de taxer les sacs en plastique à usage unique. Dans le même temps, le budget du ministère de l’environnement devrait baisser de 1.3%.
La Suède va probablement supprimer sa taxe sur les sacs en plastique en novembre 2024. Le gouvernement considère que les Suédois ne les utilisent presque plus, même leur comportement futur sans la taxe reste inconnu.
Le gouvernement a annoncé ce changement le 13 septembre, deux ans après la mise en place d’une taxe qui avait alors suscité de nombreux débats sur son éventuelle efficacité.
Mais pour la coalition gouvernementale, une taxe sur les sacs plastique « n’est plus jugée nécessaire » pour « combattre et prévenir la dégradation de l’environnement » et a donc été retirée des prévisions budgétaires des trois prochaines années.
La taxe a été mise en place en 2020 pour atteindre l’objectif fixé par l’Union européenne de réduction de la consommation de sacs en plastique légers – d’une épaisseur de 15 à 50 micromètres – par personne et par an.
Une baisse de 77 % de l’utilisation des sacs en plastique à usage unique en trois ans
La directive sur les sacs en plastique prévoit que les États membres de l’Union européenne doivent veiller à ce qu’il y ait moins de 40 sacs en plastique légers, ceux qui sont fournis dans des points de vente et qui correspondent au format le plus répandu, par personne et par an d’ici à la fin de 2025.
Selon l’Agence suédoise pour la protection de l’environnement, la Suède consommait 74 sacs en plastique, ou un équivalent en poids, par personne en 2019 avant l’adoption de la loi.
Pour l’agence gouvernementale, la taxe a été le facteur décisif de la réduction, considérant que rendre les sacs en plastique plus coûteux a rapidement accéléré la diminution de leur utilisation. De nombreux supermarchés suédois augmentaient le prix d’un sac plastique de trois à sept couronnes suédoises (de 25 à 59 centimes d’euro).
En 2022, ce chiffre est tombé à 17 sacs en plastique légers par personne et par an, soit une diminution de 77 % en trois ans.
Les autorités suédoises ont donc considéré que la taxe était inutile et que les personnes avaient définitivement adopté de nouvelles habitudes pour qu’ils n’augmenteront pas leur consommation de sacs en plastique à usage unique à l’avenir.
« Nous sommes convaincus que les Suédois utilisent les sacs en plastique à bon escient dans leur vie quotidienne et qu’il n’y a pas de raison qu’ils soient plus chers », a déclaré Romina Pourmokhtari, la ministre de l’environnement et membre des libéraux, le parti politique à l’origine de la taxe.
Mais cumulé, la Suède a malgré tout utilisé 218 millions de sacs en plastique en 2022, les sacs fins représentant 81 % du total (les sacs en plastique épais, tels que ceux utilisés dans les magasins de vêtements, représentent 11 millions de sacs).
Svensk Handel (Fédération suédoise du commerce), la fédération des entreprises et des employeurs du secteur du commerce, a accueilli favorablement l’annonce du gouvernement. Martin Kits, responsable de la politique commerciale à la Fédération suédoise du commerce, affirme même que la taxe sur les sacs en plastique n’a « apporté aucun gain environnemental ou climatique » et qualifie même la taxe de greenwashing politique.
Selon les estimations initiales, la taxe devait rapporter environ 2 milliards de couronnes (169 millions d’euros) au Trésor public chaque année. Selon le budget gouvernemental de 2024 publié le 20 septembre, les recettes fiscales diminueront de 650 millions de couronnes (55 millions d’euros) par an en raison de l’abolition de la taxe sur les sacs en plastique.
La mesure fut également approuvée par les Démocrates de Suède, ce que le gouvernement a besoin pour obtenir la majorité au Parlement.
Des coupes budgétaires affectant le ministère de l’environnement
Par rapport aux recettes du gouvernement central estimées à 1 324 milliards de couronnes (112 milliards d’euros) pour 2024, la taxe sur les sacs en plastique représente 0,05 % des recettes de l’administration.
Même le parti d’opposition des Verts a modérément souligné la fin de cette mesure, se concentrant davantage sur les changements budgétaires plus importants qu’ils estiment négatifs pour l’environnement et la politique sociale.
La suppression de la taxe sur les sacs en plastique s’inscrit en effet dans le cadre de réformes plus larges, car « la Suède traverse un hiver économique », affirme le gouvernement. Il donne donc la priorité à la « lutte contre l’inflation, à l’aide aux ménages et au système de protection sociale, ainsi qu’au renforcement du système judiciaire et de la défense ». Le gouvernement veut réduire le budget de 39 milliards de couronnes (3,3 milliards d’euros), soit une baisse de 2,9 %, en 2024.
Il prévoit notamment de réduire les taxes sur l’essence et le diesel, ce qui diminuera les recettes de l’administration de 5,65 milliards de couronnes (477 millions d’euros) en 2024.
Pour le parti des Verts, le budget présenté par la ministre des finances Elisabeth Svantesson est la « nuit noire » concernant la politique climatique, et considère que les réductions d’impôts pour compenser l’inflation profiteront aux plus riches.
Le financement du ministère du climat et de l’environnement devrait être réduit de 259 millions de couronnes (21,8 millions d’euros) l’année prochaine, soit une baisse de 1,3 % à partir de 2023. La taxe sur les sacs en plastique génère en un an 2,5 fois les réductions budgétaires affectées au climat en 2024. Mais elle n’aura qu’un faible impact en 2024 puisqu’elle sera supprimée en novembre.
La ministre Pourmokthari a défendu le fait qu’il s’agissait toujours du troisième budget le plus important de l’histoire en matière de climat et d’environnement, tout en reconnaissant qu’il s’agissait d’un « mélange de sucré et de salé » et que « l’on n’est jamais totalement satisfait ».
Le gouvernement veut faciliter le développement de l’énergie nucléaire, va augmenter le budget pour la préservation des zones humides, ou encore inciter financièrement les particuliers à se débarrasser de leur voiture thermique pour se convertir à l’électrique.
Mais dans son budget pour le climat et l’environnement, l’administration a évalué qu’en raison des décisions prises entre juillet 2022 et juillet 2023, les émissions de carbone de la Suède devraient augmenter de 5,9 à 9,8 millions de tonnes d’équivalent CO2 d’ici 2030, pour diminuer à long terme jusqu’à 1,8 milliard de tonnes d’ici 2045.
Les émissions totales de la Suède représentaient 48 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2022, ce qui signifie que les prochaines années pourraient entraîner une augmentation de plus de 10 % des émissions annuelles de la Suède. Mais cela signifierait également que le pays manquerait son objectif de réduction des émissions de carbone pour 2030.
