L’Italie souhaite saisir la Cour européenne de justice contre l’Autriche

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21 septembre 2023

L’Italie a annoncé vouloir saisir la Cour européenne de justice contre l’Autriche à cause des contrôles frontaliers effectués suite à l’arrivée des milliers de migrants à Lampedusa. En juin dernier, les deux pays se félicitaient pourtant de leurs positions communes sur l’immigration illégale.

La première ministre italienne Giorgia Meloni et le chancelier autrichien Karl Nehammer
La première ministre italienne Giorgia Meloni (au centre) et le chancelier autrichien Karl Nehammer (à droite) lors d’une visite d’État de l’Italie en Autriche en juin pour discuter de leur partenariat dans la lutte contre l’immigration clandestine | © Karl Nehammer, Twitter

Alors que l’Autriche met en place des contrôles aux frontières avec l’Italie suite à l’arrivée de plus de 12 000 migrants sur l’île sicilienne de Lampedusa la semaine dernière, son voisin menace de déposer un recours devant la Cour européenne de justice contre un autre État membre de l’Union européenne et de l’espace Schengen.

Dans une interview accordée ce week-end au journal autrichien Kleine Zeitung, le chancelier autrichien Karl Nehammer, du conservateur Parti populaire autrichien, a déclaré que les autorités avaient renforcé leur activité à la frontière avec l’Italie pour « lutter contre les itinéraires des passeurs ».

Mais il a également annoncé que l’Autriche renforcerait les contrôles à la frontière, même si l’appréhension des entrées illégales au col du Brenner, qui traverse les Alpes et constitue la frontière entre l’Italie et l’Autriche, a pour le moment augmenté « marginalement » mais « pas de manière perceptible ».

Lundi, le vice-Premier ministre et ministre des Transports italien Matteo Salvini a vivement critiqué le gouvernement autrichien et son plan. Sur X (ex-Twitter), il a déclaré que « la décision de Vienne de renforcer les contrôles sur les véhicules en provenance d’Italie est une gifle à la solidarité européenne » et une « grave offense aux forces de police et aux volontaires italiens engagés depuis des années dans la défense des frontières européennes ».

La première ministre italienne, Giorgia Meloni, qui critiquait jusque là l’Union européenne, a appelé les autres États membres à faire preuve de solidarité à l’égard de l’Italie pour gérer l’arrivée des migrants à Lampedusa.

Alors que M. Salvini partage les mêmes points de vue que M. Nehammer – et Marine Le Pen – sur la politique de lutte contre l’immigration clandestine, il a cette fois dénoncé les « interdictions illégitimes et discriminatoires » à l’encontre de l’Italie et a fait valoir qu’au lieu de construire « construire des forteresses dans les Alpes en punissant les travailleurs, comme les chauffeurs routiers, et les touristes », l’Autriche « doit envoyer des moyens et des hommes pour aider sur la Méditerranée ».

L’Autriche défend le fait que les contrôles frontaliers dans les régions de la Carinthie et du Tyrol peuvent être renforcés momentanément de manière extraordinaire. Le ministère de l’intérieur a déclaré que les autorités se concentraient sur les contrôles contre le trafic d’êtres humains avec la recherche de véhicules utilisés par les passeurs.

Mais pour M. Salvini, il s’agit d’un « acte de violence et d’arrogance », qui entraîne une « concurrence déloyale à l’encontre des entrepreneurs et transporteurs européens », car cela bloque le principal accès routier de l’Italie à l’Europe du Nord.

L’Italie a donc décidé de faire appel de la décision auprès de la Cour européenne de justice, contre un autre État membre de l’Union européenne. « Il s’agit d’un geste fort, inhabituel mais nécessaire », a poursuivi mercredi le ministre des transports, qui souhaite « mettre fin à cette honte ».

En juin, Giorgia Meloni s’est rendue en Autriche, une première en huit ans pour la présidence italienne du Conseil des ministres, après une visite du chancelier en Italie un mois auparavant.

Elle s’était alors félicitée que les deux gouvernements partagent la même vision sur l’immigration et a souligné leur « coopération » pour « changer le paradigme du Conseil européen concernant la question des flux migratoires illégaux ». Elle y concluait que leurs « relations s’intensifieront encore dans les mois et les années à venir ».

La France a également annoncé qu’elle renforcerait les forces de l’ordre à la frontière avec l’Italie.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.