Cherchant à renforcer le partage des responsabilités entre les parents pour s’occuper d’un enfant, l’Autriche impose aux deux parents de prendre chacun au moins deux mois de congé parental, sous peine de perdre deux mois sur la totalité du congé parental. Une exception est prévue pour les mères célibataires.
En Autriche, de nouvelles règles en matière de congé parental ont été introduites pour renforcer le partage des responsabilités entre les parents pour s’occuper des nouveaux-nés.
Le 20 septembre, le Conseil national autrichien a réformé les règles relatives au congé parental, en vertu desquelles les deux parents doivent chacun prendre au moins deux mois de congé. Ce n’est qu’à ce moment-là que la famille aura droit à l’intégralité des 24 mois de congé parental, qui peuvent être partagés entre les parents. Pour les familles qui ne le font pas, la durée du congé est ramenée à 22 mois.
La coalition gouvernementale entre le Parti populaire autrichien (ÖVP) et les Verts (Die Grünen) s’est mise d’accord avec le Forum néo-autrichien et libéral (NEOS) pour voter ce changement.
Le nouveau système comporte des exceptions. La déduction des deux mois ne s’appliquera pas aux parents célibataires, même si les modalités exactes d’application restent encore floues. Par ailleurs, un amendement proposé par l’ÖVP et les Verts permet aux familles dans lesquelles l’un des parents n’a pas droit à un congé, parce que travailleur indépendant ou au chômage par exemple, de bénéficier de la totalité des 24 mois pour l’autre parent.
La nouvelle disposition règle a été élaborée à la suite de la directive de l’Union européenne de 2019 sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée qui vise à améliorer l’égalité entre les hommes et les femmes. Cette directive stipule que tous les États membres de l’UE doivent offrir au moins dix jours de congé de paternité rémunéré. Cependant, les nouvelles règles ont été critiquées par l’opposition.
Le modèle 22+2 prive les femmes de leur congé maternité
Petra Wimmer, du Parti social-démocrate d’Autriche (SPÖ), a déclaré lors de la 230ème session du Conseil national que le modèle « 22+2 » prive les femmes de leur congé parental si leur partenaire ne souhaite pas le prendre. Elle ajoute que même si de nombreuses familles souhaiteraient partager les responsabilités liées à la garde des enfants, beaucoup ne peuvent pas le faire pour des raisons financières.
La représentante du Parti autrichien de la liberté (FPÖ), Rosa Ecker, trouve aussi le modèle compliqué. Son collègue, Peter Schmiedlechner, a déclaré que le fait de retirer deux mois de congé maternité aux mères et d’obliger les pères à prendre un congé parental n’offrait pas de liberté de choix et d’autonomie. Le parti a également fait valoir que les responsabilités supplémentaires incombant aux pères pouvaient encore être considérées comme une charge pour eux et qu’elles n’influenceraient pas leur participation.
4,5 % des jours de congé parental pris par les pères
Les Verts et les NEOS, quant à eux, ont défendu les changements. Meri Disoski, députée des Verts, a souligné l’importance de la participation des pères, qui favorise une répartition équitable des tâches.
L’ÖVP et les Verts ont réaffirmé que la durée totale du congé parental reste inchangé et qu’il sera désormais réparti entre les deux parents. La coalition et les NEOS estiment qu’il s’agit d’une solution pratique pour promouvoir l’implication des pères, car ils soulignent que le congé parental ne devrait pas être une question féminine, mais familiale.
Bien que le congé parental ait été introduit en 1990 en Autriche, la participation des pères reste faible en dépit d’améliorations consécutives et continues de la réglementation et de diverses incitations telles que des primes financières pour le partage du congé.
En 2022, l’Autriche a adopté une loi conditionnant le congé parental au père s’ils partagent le même foyer que son partenaire.
Selon l’Association pour les hommes et les questions de genre de Styrie, seuls 4,5 % des jours de congé parental en 2018 avaient été pris par les pères. Reste donc à savoir si la nouvelle mesure aura un impact et modifiera le paysage du congé parental dans le pays.