La plupart d’entre elles étant actuellement déficitaires, les universités britanniques affirment que « les finances seront tendues » au cours des prochaines années. Les universités de recherche ont demandé plus de financement de l’État et un visa spécifique dans le contexte du Brexit car elles pourraient dépendre de plus en plus des revenus des étudiants internationaux.

Les principales universités de recherche britanniques ont fait part des difficultés financières de l’enseignement supérieur dans le pays. Le Russell Group, un groupement de vingt-quatre universités de recherche britanniques, a déclaré dans un rapport publié la semaine dernière que d’ici 2030, les établissements d’enseignement supérieur du Royaume-Uni seront contraints de « réduire la qualité » de leur enseignement si la situation perdure.
Face à cette situation, le Russell Group a demandé une aide financière au gouvernement, cherchant à construire un « avenir plus radieux » pour ses universités. Selon son rapport, le déficit de financement pour sera de 5 000 livres (5 700 euros) par étudiant britannique en 2030. En d’autres termes, chaque étudiant britannique accueilli créerait un déficit de 5 000 livres à l’établissement.
Shitij Kapur, vice-chancelier du King’s College de Londres, a attribué ces difficultés financières à divers facteurs dont le système de prêts aux étudiants, dans une publication de l’université intitulée Triangle of sadness (Triangle de la tristesse). M. Kapur affirme que le Royaume-Uni est le pays où les étudiants sont les plus endettés au monde, et celui où le nombre d’étudiants qui ne remboursent pas leur dette est le plus élevé en raison de leurs faibles revenus. Ces prêts sont alors pris en charge par le gouvernement.
« Plus de 90 % des diplômés britanniques ont contracté un prêt, avec une dette moyenne d’environ 45 600 livres sterling, écrit M. Kapur. A contrario, environ 60 % des diplômés américains contractent un prêt, avec une dette moyenne de 28 400 dollars seulement. »
M. Kapur mentionne également l’inflation comme un facteur important, la valeur de la livre ayant chuté depuis 2012. Les frais de scolarité avaient été fixés à un maximum de 9 000 livres par an avant les subventions et les bourses en 2012. Ils n’ont pas augmenté de manière significative depuis lors, restant à 9 250 livres par an, de sorte que la valeur des revenus des universités s’est effondrée.
Selon M. Kapur et l’Association des employeurs des universités (UCAS), 100 des 144 établissements d’enseignement supérieur ont déclaré des déficits financiers en 2021–22, qu’ils attribuent aux coûts élevés de la prise en charge des étudiants britanniques comparée aux étudiants étrangers.
Les étudiants étrangers payant des frais de scolarité plus élevés, les universités pourraient être contraintes de leur donner la priorité pour maintenir leur niveau, selon M. Kapur.
« Les universités seront contraintes de ne faire de la recherche que si elles peuvent recruter davantage d’étudiants étrangers ou remplacer les étudiants nationaux par des étudiants étrangers », estime le vice-chancellier du King’s College.
Les étudiants britanniques et étrangers pourraient être mis dans une forme de concurrence dans la mesure où les universités seront obligées de donner la priorité aux seconds. Malgré cela, le nombre d’étudiants britanniques potentiels augmente. « L’UCAS estime qu’il y aura 38 % d’étudiants britanniques de plus qu’aujourd’hui à la recherche d’une place à l’université d’ici 2030, selon M. Kapur. Comment financer cela ? »
Le rapport du Russell Group montre qu’il considère les étudiants internationaux comme une source de revenus et propose un système de visas spécifiques pour faciliter les arrivées.
« Les exportations de l’enseignement supérieur (les étudiants internationaux au Royaume-Uni) constituent l’une des plus importantes exportations du Royaume-Uni, apportant un bénéfice net annuel de 37,4 milliards de livres sterling à l’économie du pays, indique le rapport. Une nouvelle stratégie ambitieuse pour l’éducation internationale à l’horizon 2030 ainsi qu’un système de visas favorable […] contribueraient à renforcer la position du Royaume-Uni en tant que puissance mondiale dans le domaine de l’enseignement supérieur ».
Le Russell Group reste optimiste et pense que la situation peut être inversée avec l’aide du gouvernement.