Des Colombiens ont manifesté dans la rue contre une réforme fiscale qui permettrait de collecter jusqu’à 2 % du PIB. Cependant, les efforts demandés alors que la crise du Covid-19 n’est pas terminée suscitent de vives critiques de toutes parts.
Collecter 6 milliards de dollars avec la réforme fiscale
Le président colombien, Ivan Duque, et le ministre des finances, Alberto Carrasquilla, ont présenté un projet de réforme fiscale pour compenser le déficit causé par le Covid-19.
La réforme vise à collecter 23 milliards de pesos (6 milliards de dollars) par an, ce qui représente environ 2,2 % du produit intérieur brut du pays en 2019.
Le projet de loi étend le nombre de ménages qui déclareront et seront éligibles à l’impôt sur le revenu. Aujourd’hui, seuls 2 % de la population active paient l’impôt sur le revenu, dont la moitié déclare des revenus. L’objectif est d’atteindre 9 % de la population payant l’impôt sur le revenu dans les prochaines années.
Le projet de loi étend le nombre de ménages qui déclareront et seront éligibles à l’impôt sur le revenu. Aujourd’hui, la moitié de la population déclare des revenus, et seulement 2 % de la population active paie l’impôt sur le revenu. L’objectif est d’atteindre 9 % de la population payant l’impôt sur le revenu dans les prochaines années.
La réforme fiscale fait l’objet de critiques, même au sein de la majorité, car elle a un impact sur la classe moyenne. Alors que la crise de la pandémie de Covid-19 n’est pas terminée, demander à la population de faire des efforts et de payer le déficit n’est pas bien accepté.
Les enseignants, les syndicats et les étudiants ont appelé à une grève nationale le 28 avril. Ils devraient à nouveau manifester le 1er mai.
Manifestation non autorisée à Bogota
Mais afin d’empêcher la manifestation, le tribunal de la région qui comprend Bogota a interdit les rassemblements de groupes le 28 avril et le 1er mai à la dernière minute. Le conseil médical a déconseillé les rassemblements de masse afin d’éviter une recrudescence des infections par le virus du Covid-19, alors que le pays est confronté à sa troisième vague d’infections. Les critiques de la décision estimaient que cette mesure portait atteinte aux droits démocratiques fondamentaux et craignaient des violences policières dans ces circonstances.
Les manifestations ont tout de même eu lieu le 28 avril, et au moins deux morts ont été signalés.
Mais d’autres revendications s’ajoutent à celles contre la réforme fiscale.
En effet ; le Comité national du Paro, une organisation de défense des travailleurs, avait déjà appelé à manifester avant que la réforme ne soit présentée. Les enseignants demandent à ce que les enfants soient vaccinés avant d’accepter de retourner en classe. Certains s’opposent à l’utilisation du glyphosate pour détruire les plants illégaux de coca, d’autres revendications sont liées au groupe paramilitaire de l’ELN.
En 2019, la Colombie avait déjà fait face à une grève nationale qui avait duré plusieurs jours et fait monter les tensions au point que la police avait tiré sur les manifestants à balle réelle.