Une étude irlandaise trouve des traces de glyphosate dans 1 échantillon d’urine sur 4

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23 janvier 2023

Des traces de glyphosate, l’herbicide contenu dans de nombreux produits comme le Roundup, ont été trouvées dans les échantillons d’urine d’un Irlandais sur quatre ayant participé à une étude. Une quantité très inférieure au niveau maximal acceptable fixé par l’Union européenne, actuellement en cours d’évaluation.

Parc national du Connemara dans le comté de Galway
Parc national du Connemara dans le comté de Galway | Illustration, © Joana Bayer

Des scientifiques de l’Université de Galway ont étudié l’exposition au glyphosate dans des familles irlandaises. Et ils ont détecté des traces de l’herbicide chez un quart des personnes testées.

L’étude qui s’est déroulée de 2019 à 2020 était la première du genre à étudier les niveaux d’exposition au glyphosate parmi les ménages irlandais.

Elle a été menée par des chercheuses de l’Université de Galway, en collaboration avec l’Institut de prévention et de médecine du travail de Bochum en Allemagne et l’Agence allemande pour l’environnement (Umweltbundesamt-UBA).

Pour ce faire, les scientifiques ont testé des échantillons d’urine prélevés sur 226 personnes parmi 68 familles. Quatorze d’entre elles vivaient dans des fermes dont l’un des membres pulvérisait un pesticide à base de glyphosate.

Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé au monde, plus que tous les autres cumulés. Il est le principe actif de plus de 750 produits, dont le Roundup, utilisés pour détruire des herbes dans les champs, les jardins privés, les parcs, les espaces publics et ainsi que les bords de route.

Le glyphosate est très controversé pour sa nocivité pour l’environnement et ses effets potentiellement néfastes sur la santé humaine.

Mais la communauté scientifique mondiale n’est pas encore parvenue à un consensus sur les effets cancérigènes potentiels du glyphosate sur la santé humaine. À l’heure actuelle, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) considère qu’il est peu probable que le glyphosate présente un risque cancérigène pour l’homme.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), organe de l’Organisation mondiale de la santé, avait classé en 2015 le glyphosate comme probablement cancérogène pour l’homme. Mais l’Agence européenne des produits chimiques a classé le glyphosate comme provoquant des lésions oculaires graves et étant toxique pour la vie aquatique, mais pas comme cancérigène.

La Cour suprême des États-Unis a confirmé l’an dernier une décision de justice condamnant Monsanto, propriété de Bayer depuis 2018, à verser 25 millions de dollars à un homme ayant utilisé le Roundup pendant des années et qui accusait l’entreprise d’être à l’origine de son cancer. Environ 30 000 plaintes similaires ont été déposées contre Monsanto.

Des chercheuses de l’université de Galway ont étudié la présence de glyphosate et de sa principale forme métabolisée chez l’homme, l’acide aminométhylphosphonique (AMPA). Le glyphosate était détectable dans 26 % des échantillons, tandis que l’AMPA était détectable dans 59 % des échantillons.

Selon l’étude, cette fréquence de détection plus élevée de l’AMPA peut être due à l’alimentation, aux résidus présents dans les aliments et dans l’eau. Il n’y avait pas de différence statistique d’exposition au glyphosate et à l’AMPA entre des familles du milieu agricole et non agricole, ce qui signifie que les traces ne sont pas uniquement présentes autour des fermes ou dans les zones rurales.

Toutefois, la quantité de glyphosate trouvée dans les échantillons d’urine est restée faible par rapport à la la quantité journalière acceptable sans présenter un risque pour la santé actuellement fixée par l’EFSA.

Les intrants étaient équivalents à 3 % ou moins du niveau acceptable de l’EFSA. « Bien que les niveaux quantifiables soient faibles, il est essentiel de comprendre comment les expositions aux produits chimiques peuvent se produire parmi différents groupes, en particulier chez les personnes vulnérables comme les enfants. Ces informations sont nécessaires pour réaliser des évaluations réglementaires solides des risques, gérer les niveaux d’exposition et comprendre pleinement leurs effets sur la santé humaine », a déclaré la Dr Alison Connolly qui a mené l’étude à l’Université de Galway.

Les résultats de l’étude interviennent alors que la Commission européenne est en train de revoir les risques réglementaires du glyphosate et de son renouvellement d’autorisation d’utilisation dans l’Union européenne.

Les niveaux acceptables pourraient changer après la publication de l’évaluation de renouvellement de l’EFSA, dont les conclusions finales sont attendues en juillet 2023.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.