Kenya : un jour férié national…pour planter des arbres

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10 novembre 2023

Le gouvernement kényan a annoncé ce lundi 6 novembre un jour férié national pour… planter des arbres. La décision intervient cependant quelques mois après avoir de nouveau autorisé l’exploitation des forêts dans le pays.

Réserve nationale du Masai Mara au Kenya
Réserve nationale du Masai Mara au Kenya | © David Clode

Le 13 novembre, tous les kényans planteront des arbres. Ce projet insolite s’inscrit dans le cadre d’une annonce récente du gouvernement : un jour férié surprise pour reboiser le pays.

Le secrétaire du cabinet du ministère de l’intérieur, Kithure Kindiki, a annoncé la nouvelle mesure via le réseau social X (anciennement Twitter), à l’issue d’un conseil des ministres présidé par le président William Ruto.

« Le gouvernement a déclaré un jour férié spécial le lundi 13 novembre 2023, au cours duquel tous les citoyens devront planter des arbres pour contribuer aux efforts nationaux visant à sauver notre pays des effets dévastateurs du changement climatique », a déclaré M. Kindiki.

Cette décision intervient dans le cadre d’un ambitieux plan du gouvernement visant à planter 15 milliards d’arbres d’ici à 2032. De 2001 à 2022, le Kenya a perdu près de 375 000 hectares de forêts, ce qui équivaut à une diminution de 11% de la couverture forestière depuis 2000, selon les données fournies par Global Forest Watch.

L’exploitation des forêts du Kenya de nouveau autorisée

Cependant, en juillet dernier, le Président William Ruto, souvent salué à l’étranger comme l’un des champions écologiques d’Afrique, s’était attiré les foudres des militants de la lutte contre le changement climatique en levant l’interdiction sur l’exploitation forestière, bannie du Kenya depuis 2018.

Cette décision, qui avait inquiété les associations de défense de l’environnement, visait à favoriser la création d’emplois et le développement des secteurs dépendant des produits forestiers.

« Nous ne supportons plus de voir des arbres matures pourrir dans les forêts, alors que nos citoyens souffrent du manque de bois », avait-il alors déclaré lors d’un service religieux près de Nairobi. Cette décision était intervenue moins d’un an après l’annonce du Président d’augmenter les hectares de forêts du Kenya de plus de 30% d’ici à 2032.

Depuis, l’exploitation forestière a contribué en 2022 à 1,6 % du PIB du Kenya, où les forêts recouvraient 8,8 % du territoire, d’après des données du gouvernement.

Les données de Global Forest Watch suggèrent que les activités forestières sont une cause mineure de déforestation, comparée au rôle beaucoup plus important joué par l’agriculture itinérante. Une étude menée par le Programme des Nations Unis Pour l’Environnement en 2012 avait démontré que les pertes économiques dues à la déforestation excèdent largement les revenus générés par les activités forestières.

La déforestation aurait privé l’économie du Kenya de 5,8 milliards de shillings (68 millions de dollars) en 2010 et de 6,6 milliards de shillings en 2009, dépassant de loin les quelque 1,3 milliard de shillings injectés chaque année par l’exploitation forestière à l’époque.

Selon cette même étude, les cinq châteaux d’eau du Kenya – Mau Forest Complex, Mount Kenya, Aberdares, Mount Elgon et Cherangani – alimentent les rivières et les lacs en eau de pluie filtrée et fournissent plus de 15 800 millions de mètres cubes d’eau par an, ce qui représente plus de 75% des ressources renouvelables du pays.

Pourtant, entre 2000 et 2010, la déforestation a entraîné une réduction de la disponibilité en eau d’environ 62 millions de mètres cubes par an.

L’économie du Kenya est très vulnérable à la disponibilité de l’eau. L’inflation a dépassé les 10% à trois reprises entre 2000 et 2010, à chaque fois en raison de la sécheresse combinée à la hausse des prix du pétrole brut et à la faiblesse des taux de change.

Julie Carballo

Julie Carballo est correspondante pour Newsendip.

Auparavant, elle a notamment travaillé pour Le Figaro et au bureau de Rome pour l'AFP.