La Colombie va déclarer l’hippopotame comme une espèce envahissante alors que sa population devrait atteindre les 400 individus en huit ans. Les hippopotames ont été initialement importés en Colombie dans les années 80 par Pablo Escobar pour son ranch.
D’ici quelques semaines, le gouvernement colombien prévoit de signer un document déclarant les hippopotames comme une espèce exotique envahissante, selon le ministre de l’environnement Carlos Eduardo Correa. Le ministère a publié un communiqué à propos de cette décision le 4 février, sur la base d’études réalisées par l’Institut de recherche sur les ressources biologiques Alexander Von Humboldt et l’Institut des sciences naturelles de l’Université nationale.
La prochaine étape consistera à élaborer un plan de contrôle de la population d’hippopotames en Colombie. Cette population a atteint 130 individus et devrait atteindre 400 individus dans huit ans si rien n’est fait alors qu’ils prospèrent dans les rivières colombiennes.
La population d’hippopotames provient de l’Hacienda Nápoles, la luxueuse propriété construite par le baron de la drogue Pablo Escobar à Puerto Triunfo, située entre Medellin et Bogota.
Quelques hippopotames ont alors été importés illégalement d’Afrique dans les années 1980 par Escobar pour son zoo.
L’Hacienda Nápoles de Pablo Escobar s’est depuis transformée en un parc à thème, géré par la municipalité de Puerto Triunfo, avec un parc aquatique et un parc animalier accueillant des animaux sauvages tels que des singes, des perroquets, des éléphants, des zèbres ou encore des hippopotames.
Après qu’Escobar fut tué par la police en 1993, le ranch était abandonné. Cependant, les hippopotames ont survécu et se sont reproduits dans les rivières alentours en profitant de conditions climatiques favorables. Ils ont commencé à apparaître il y a dix ans autour de Puerto Triunfo, une ville de 17 000 habitants située près du fleuve Magdalena.
Les scientifiques avertissent que les hippopotames n’ont pas de prédateur naturel en Colombie et qu’ils constituent un problème potentiel pour la biodiversité locale. Ils affirment que leurs excréments modifient la composition des rivières et pourraient avoir un impact sur l’habitat du lamantin et du capybara, le plus grand rongeur du monde originaire d’Amérique du Sud.
Les hippopotames peuvent également causer des dommages aux cultures car ils sont principalement herbivores et recherchent leur nourriture en grande quantité la nuit.
Les hippopotames, pas si gentils qu’on le croit et une menace potentielle pour les espèces indigènes
L’analyse de l’Institut Alexander Von Humboldt considère que les conditions équatoriales, qui s’accentuent avec le dérèglement climatique, fourniront « le climat idéal pour l’espèce ». Il prévient que la population d’hippopotames pourrait s’étendre à toute la Colombie, ce qui pourrait « empiéter sur les niches géographiques et écologiques des espèces indigènes, augmentant ainsi le risque d’une éventuelle concurrence pour les ressources ».
Les hippopotames sont des animaux territoriaux et peuvent être agressifs pour le défendre. Ils peuvent peser jusqu’à trois tonnes. Daniel Cadena, biologiste et doyen des sciences de l’Universidad de Los Andes, a déclaré qu’ils ne sont pas aussi gentils que les personnes l’imaginent.
Mais les habitants de Puerto Triunfo se sont habitués aux groupes d’hippopotames. Alors que les hippopotames sont considérés comme l’un des animaux les plus dangereux pour l’homme en Afrique, seules quelques blessures ont été enregistrées jusqu’à présent dans ces régions.
« Ils créent des lois éloignées de la réalité. Nous vivons avec les hippopotames ici et nous n’avons jamais pensé à les tuer », a déclaré Isabel Romero Jerez, une écologiste locale. « Les hippopotames ne sont plus des Africains maintenant, ce sont des Colombiens ».
« Je ne les considère pas comme une menace, mais il y a des problèmes avec eux. Dans la municipalité, on nous a signalé trois attaques contre la population », a déclaré Carmen Montaño, une responsable du soutien technique agricole de la municipalité de Puerto Triunfo.
Les habitants disent que les hippopotames sortent parfois de l’eau et se promènent dans les rues de la ville. Lorsque cela se produit, la circulation s’arrête et les gens s’écartent de leur chemin.
Lorsque le document les déclarant comme espèce envahissante en Colombie sera signé, les hippopotames rejoindront d’autres espèces envahissantes comme l’escargot africain géant, la grenouille coqui, le tilapia noir et le poisson-lion. Cette déclaration permettra au gouvernement d’allouer des ressources au contrôle de la population d’hippopotames, l’un des principaux obstacles.
Les stratégies de contrôle ne sont pas encore définies et les communautés locales seront consultées sur le plan de contrôle de la population d’hippopotames.
Il existe actuellement un programme expérimental d’immuno-castration avec un médicament donné par les États-Unis. Pour les stériliser chirurgicalement, il faut les endormir, les transporter dans un endroit sûr et découper leur peau épaisse.
Tout processus de contrôle de la population envisagé s’annonce au final coûteux et complexe, car il faut retrouver les hippopotames dispersés le long du puissant fleuve Magdalena.