La Corée du Sud interdit la consommation et la production de viande de chien

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24 novembre 2023

La consommation de viande de chien est une pratique ancienne qui fait l’objet de vives critiques de la part d’activistes sud-coréens et internationaux. Bien qu’elle soit fortement restreinte et peu répandue en Corée du Sud, elle reste légale. Mais les législateurs ont cette fois adopté une loi qui interdit complètement la production et la vente de viande de chien d’ici à 2027, mais pas sa consommation.

Humane Society International dans un élevage de chiens à Hongseong, en Corée du Sud, en 2020
L’équipe de sauvetage des animaux de la Humane Society International, une organisation de défense des droits des animaux, dans un élevage de chiens à Hongseong, en Corée du Sud, en 2020. | © Jean Chung pour HSI

Mise à jour du 8 janvier 2024 : Les législateurs sud-coréens ont adopté le projet de loi dans lequel les personnes qui abattent des chiens pour la production de viance sont passibles d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 3 ans, et les personnes qui élèvent ou vendent des chiens pour la viande sont passibles d’une peine maximale de 2 ans. Toutefois, la consommation de viande de chien ne sera pas illégale.

Le gouvernement sud-coréen envisage d’adopter une loi interdisant la production et la consommation de viande de chien d’ici à 2027, ce qui mettrait fin à des années d’une pratique traditionnelle mais en déclin dans le pays.

La coutume de consommer de la viande de chien a des racines anciennes et traditionnelles en Corée du Sud et dans différents pays de la région. Si l’interdiction prévue se concrétise, cette pratique traditionnelle mais controversée bénéficiera d’une période de grâce de trois ans, la viande de chien devant être totalement interdite d’ici à 2027.

Le gouvernement a également déclaré qu’il apporterait un soutien financier aux entreprises et aux éleveurs pour qu’ils abandonnent cette filière.

La viande de chien fait l’objet d’importantes restrictions, mais reste légale en Corée du Sud. Les gouvernements précédents ont tenté de mettre un terme à cette pratique, mais n’y sont pas parvenus.

Les projets de loi contre la viande de chien ont échoué par le passé en raison des protestations des acteurs de l’industrie de la viande de chien et des inquiétudes concernant les conséquences financières pour des éleveurs et des restaurateurs.

Cette pratique séculaire n’est pas appréciée par la plupart des jeunes Coréens et a fait l’objet de critiques internationales de la part de défenseurs de la cause animale. Bien qu’elle n’ait jamais constitué un élément majeur de la cuisine coréenne, elle a des liens historiques avec la région et a été considérée comme un mets raffiné pendant une certaine période.

La consommation de viande de chien est beaucoup moins courante qu’auparavant en Corée du Sud, mais elle est encore consommée par les anciennes générations et servie dans certains restaurants.

Un sondage Gallup Korea de 2022 a montré que 64 % des personnes interrogées étaient opposées à la consommation de viande de chien. L’enquête a révélé que seulement 8 % des personnes interrogées avaient mangé du chien au cours de l’année écoulée, contre 27 % en 2015, une baisse rapide sur les sept dernières années.

Yu Eui-dong, membre de l’Assemblée nationale, a déclaré : « Nous prévoyons de promulguer une loi spéciale interdisant la viande de chien au cours de cette année afin de résoudre ce problème le plus rapidement possible », après une réunion au Parlement à laquelle ont participé des membres du ministère de l’agriculture et des groupes de défense des droits des animaux. Il a également ajouté qu’il était convaincu que le projet de loi serait adopté avec un soutien bipartisan.

La nouvelle loi exigerait que les élevages de chiens, les abattoirs, les revendeurs et les restaurants soumettent chacun un plan d’élimination progressive de leurs pratiques aux autorités locales.

Yoon Suk Yeol, le président de la Corée du Sud, et la première dame, Kim Keon Hee, sont connus pour être des amoureux des animaux, ayant avec eux des chiens et des chats errants. En août dernier, la première dame Kim a participé à une manifestation en faveur des droits des animaux. Elle a également critiqué avec force la consommation de viande de chien.

Joo Young-bong, président de l’Association coréenne des chiens de boucherie, s’oppose à l’éventualité d’une prochaine interdiction et a déclaré aux médias coréens que « pour des raisons de pouvoir politique, les droits de l’homme ont été bafoués et le droit de ses nourrir pour les citoyens a été supprimé ».

Selon une étude gouvernementale réalisée l’année dernière, la Corée du Sud compte environ 1 150 élevages canins et plus d’un demi-million de chiens élevés pour la viande, un chiffre nettement inférieur à ce qu’il était il y a quelques dizaines d’années. Il existe également 34 abattoirs, 219 sociétés de distribution et 1 600 restaurants qui servent de la viande de chien.

La baisse de la demande de viande canine reflète un changement dans la perception du public. L’augmentation du nombre d’animaux de compagnie en Corée du Sud a conduit à des positions plus en faveur d’une interdiction de la viande canine.

Dans le cadre de cette interdiction potentielle, les chiens seront exclus de la loi sur le bétail, dans laquelle ils sont actuellement enregistrés en tant qu’animaux de rente, et seront reconnus comme des animaux de compagnie.

Jennifer Shoemaker

Jennifer est rédactrice pour Newsendip.

Elle est américaine, est née en Russie et a également vécu aux Émirats arabes unis, en Indonésie et en Malaisie. Elle a étudié à l'école internationale de Kuala Lumpur et à l'American University of Paris.