Le Parlement lituanien a adopté jeudi dernier un projet de loi sur l’abandon des pièces de 1 et 2 centimes. Le montant de biens et services sera arrondi une fois la législation entrée en vigueur le 1er mai 2025.

L’année prochaine, les factures finales des clients lituaniens payant en espèces seront arrondies au multiple de 5 centimes le plus proche. Cette mesure votée par le Parlement lituanien constitue une étape vers l’abandon de l’utilisation des pièces de 1 et 2 centimes.
La loi relative à l’arrondi des montants des paiements en espèces a été adoptée par 65 voix pour 20 contre et 31 abstentions.
Avant le vote, le député libéral Andrius Bagdonas a évoqué un « fardeau bureaucratique » qui pèse sur les entreprises, l’État et les contribuables. « Les pièces de 1 ou 2 centimes ne peuvent en réalité nous acheter rien d’autre qu’un petit sac en plastique », a‑t-il déclaré lors de la séance.
De son côté, le député Tomas Tomilinas, du groupe Démocrates pour la Lituanie, s’est opposé à la proposition, estimant que l’arrondi des prix à la hausse pourrait donner une impulsion supplémentaire à l’inflation. « Cela ne semble pas avoir d’importance pour nous qui vivons à Vilnius, avec un salaire normal, mais si une personne aux revenus modestes doit payer 2 ou 3 centimes de plus pour un article, cela sera mauvais pour elle », a‑t-il expliqué.
Les espèces, principal instrument de paiement pour les achats du quotidien
Selon le Conseil européen des paiements, 52 % des Lituaniens privilégient les paiements par carte ou par d’autres moyens numériques plutôt que par espèces. Dans une nouvelle démarche de numérisation, 94 % des Lituaniens disposant d’un compte bancaire ont utilisé les services bancaires en ligne et 69 % ont utilisé des applications de paiement mobile. Les espèces restent cependant le principal instrument de paiement pour les transactions quotidiennes de faible valeur.
En 2020, la Commission européenne envisageait une proposition visant à supprimer progressivement les pièces de 1 centime d’euro et de 2 centimes d’euro, indiquait l’AFP.
Bruxelles pensait à introduire des règles d’arrondi qui s’appliqueraient dans tous les États de l’Union européenne, afin que les consommateurs puissent payer sans utiliser 1 ou 2 centimes d’euro.
Parmi les 19 États de la zone euro, les Pays-Bas, la Finlande, l’Irlande, la Belgique et l’Italie ont déjà adopté des règles exigeant ou encourageant l’arrondi des paiements en espèces dans le but de réduire l’utilisation des deux coupures.
L’Italie a en effet été l’un des premiers pays de la zone euro à abandonner les petites pièces de monnaie. Les pièces de 1 et 2 centimes n’y sont plus frappées depuis 2017. Bien que ces pièces soient toujours acceptées, les montants des achats sont arrondis.
« Les Italiens recevaient ces petites pièces de cuivre en guise de monnaie mais ne les dépensent pas », avait à l’époque affirmé Sergio Boccadutri, membre du parti démocrate de centre-gauche au journal Sole 24 Ore, « en bref, c’est une perte de production, car ils coûtent plus cher que ce qu’ils valent ».
Dans un rapport publié en 2018, la Commission Européenne avait déclaré que l’arrondi pourrait s’accompagner d’un retrait immédiat. Ou encore, qu’il pourrait être appliqué dans un « scénario de disparition » dans lequel les pièces de 1 et 2 centimes d’euro ne seraient plus émises, mais conserveraient leur cours légal.
Le coût des pièces supérieur à leur valeur
Le rapport expliquait également que l’émission d’un centime d’euro « est une activité déficitaire pour les États membres », les coûts d’achat à eux seuls dépassant la valeur nominale de cette pièce. Dans certains États, le coût des pièces de 2 centimes d’euro est également supérieur à leur valeur.
La Banque de Lettonie estime que les 47 tonnes de pièces de un et deux centimes perdues ou égarées correspondaient à 260 000 euros qui sortaient de l’économie lettone chaque année.
Un sondage de l’UE réalisé en 2017 a montré que les citoyens des pays de la zone euro étaient massivement favorables à l’élimination progressive des petites pièces (64%).
Pour apaiser les craintes d’une inflation plus élevée causée par cette éventuelle décision, la Commission avait déclaré dans son rapport que les pays où l’utilisation de ces pièces a déjà été limitée n’ont pas montré d’augmentation (mesurable) des prix.
Les prix seraient arrondis aux 5 centimes d’euros les plus proches lors d’un paiement en espèces. La baisse des coûts de traitement des espèces pourrait également permettre aux détaillants de baisser leurs prix, indique le rapport de la commission.