Les procédures en faveur du « smartworking », mises en place durant la pandémie de Covid-19 par le gouvernement, ont expirées fin mars en Italie. Explications.
En 2023, le nombre de télétravailleurs italiens s’élevait à 3,585 millions, en légère hausse par rapport aux 3,570 millions de 2022, mais 541% de plus qu’avant la pandémie de Covid-19.
Les adeptes du « smartworking » vont maintenant devoir s’adapter : les procédures simplifiées entérinées en 2021 par les syndicats, les fédérations d’employeurs et le ministère italien du travail pour favoriser le travail « agile », comme on l’appelle de l’autre côté des Alpes, se sont arrêtées au 31 mars.
Depuis cette semaine, retour à l’ancienne loi de 2017 : il sera désormais nécessaire d’avoir un accord individuel avec son entreprise et les demandes de télétravail avec une méthode simplifiée ne seront plus possibles sans ce dernier.
Le travail intelligent ne fait plus partie des « droits »
En d’autres termes, le travail intelligent ne fait plus partie des droits du travailleur, comme pendant les années de pandémie, mais devient l’une des méthodes d’exécution du service.
Pendant la crise du Covid, de nombreuses entreprises italiennes ont eu recours au smartworking, qui a été réglementé par des conventions collectives conclues entre les parties au niveau de l’entreprise. Si cet accord est à durée indéterminée, les entreprises pourront y apporter des modifications, par exemple sur la répartition des jours à alterner en présentiel et à distance, qui n’auront pas besoin d’être communiquées au Ministère du Travail.
De plus, faire partie des catégories que la loi considère comme prioritaires à divers égards (parents avec enfants de moins de 12 ans ou enfant en situation de handicap, travailleurs handicapés ou de plus de 55 ans…) dans la reconnaissance du travail intelligent n’équivaut plus à avoir droit à ce type de modèle : si l’employeur envisage l’utilisation du travail intelligent dans l’environnement de l’entreprise, il doit toujours prioriser ces catégories de personnes. Mais si l’entreprise n’envisage pas de recourir au travail « agile », le travailleur – même s’il fait partie des catégories prioritaires – ne pourra pas prétendre travailler à ce type de modèle.
Cependant, les avantages offerts par le télétravail ont laissé des traces et une évolution de cet outil est désormais supposée. Le débat autour d’une semaine de travail plus courte commence également à faire son chemin au Parlement italien : l’examen du projet de loi de l’opposition commencera ce jeudi au bureau de représentation de la Commission du travail de la Chambre.
3,65 millions de travailleurs à distance en 2025
En 2025, le nombre de travailleurs intelligents en Italie pourrait atteindre les 3,65 millions, selon des données fournies par l’Observatoire du smartworking de l’université polytechnique de Milan. Presque toutes les grandes entreprises italiennes (96 %) ont déjà inclus des initiatives de travail intelligent dans leurs organisations. Ce type de travail est également présent dans 56 % des PME et 61 % des organismes publics.
« À la première phase de scepticisme a succédé une phase d’optimisme excessif, qui, à certains égards, a sous-estimé la nécessité de combiner le travail intelligent avec le “style organisationnel” des entreprises », souligne Francesco Rotondi, expert en droit du travail, associé principal de Lablaw, un célèbre cabinet d’avocats milanais, et défenseur du smartworking, interrogé par l’agence DIRE.
« Le point de départ d’une analyse mûrie du travail intelligent devrait être de repenser le mode opératoire qui doit tendre de plus en plus à renforcer le lien entre la manière de fournir la performance et les résultats attendus par l’entrepreneur. À cet égard, le travail intelligent coche beaucoup de cases. »
« C’est pour cette raison que nous discutons de la nécessité d’un remaniement réglementaire de la loi pre-Covid », ajoute Rotondi, précisant qu’une nouvelle instance sociale émergente considère désormais le travail intelligent comme un « droit ».
Les Pays-Bas, champions du smartworking
Pour ceux qui, comme Francesco Rotondi, ne souhaitent pas reprendre le chemin des bureaux, Remote, une entreprise mondiale de solutions RH, a classé les champions du travail à distance dans l’Union européenne. De quoi vous donner des idées d’expatriation…
Et ce sont les Pays-Bas qui arrivent en tête, avec 65 % de population active travaillant au moins partiellement à distance en 2022. Le Luxembourg se place en deuxième position avec 54,4 %, suivi de la Suède, avec 51,8 %. À titre de comparaison, la proportion de travailleurs à distance aux Pays-Bas est quatre fois plus élevée qu’au Royaume-Uni ou aux États-Unis, selon les données.
Et pour cause, en 2022, le parlement néerlandais a approuvé une législation faisant du travail à domicile un droit légal. Avec cette nouvelle loi, les employeurs doivent examiner les demandes de travail à distance et fournir une raison pour les refuser.
Le rapport de Remote souligne également que les Pays-Bas comptaient déjà un nombre relativement élevé de travailleurs à distance avant la pandémie, avec 28 % travaillant à distance, ce qui était, déjà à l’époque, l’un des taux les plus élevés de l’UE.