La Roumanie veut réactiver ses projets de gaz offshore en mer Noire

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15 avril 2022

Le gouvernement de coalition de Roumanie s’est accordé sur des amendements de loi afin de réactiver les projets gaziers offshore en mer Noire et réduire sa dépendance au gaz russe.

Forage de nuit à la recherche de gaz en mer Noire
Forage de nuit à la recherche de gaz de la plateforme Iulia‑1 en mer Noire | Black Sea Oil & Gas

Le gouvernement de coalition de Roumanie a finalisé un projet d’amendements à la loi offshore afin de réactiver l’extraction de gaz en mer Noire et l’a soumis au Parlement le 15 avril pour être débattu en urgence.

Et compte tenu du contexte actuel, le gouvernement espère que la nouvelle loi soit approuvée très prochainement.

Selon le ministre de l’énergie Virgil Popescu, la compagnie Black Sea Oil & Gas pourrait même commencer à livrer du gaz extrait de la mer Noire au cours du second semestre 2022.

Cela représenterait 1 milliard de mètres cubes par an, soit 9 % de la consommation annuelle de Roumanie.

Par ailleurs, le gouvernement espère réactiver les projets d’extraction autour du périmètre de Neptune Deep l’année prochaine pour commencer la livraison au plus tôt fin 2026 – début 2027. Les réserves de gaz en sous-sol trouvées dans la région de Caragele, dans l’est de la Roumanie, pourraient également devenir opérationnelles d’ici 2024.

La loi sur l’offshore a été adoptée en 2018 mais les conditions imposées par l’État ont fait fuir les investisseurs privés. Le sort du gaz offshore dans la mer Noire a fait l’objet de débats récurrents en Roumanie.

ExxonMobil a découvert en 2012 entre 42 et 84 milliards de mètres cubes dans les eaux profondes dans la zone roumaine de la mer Noire, dans un périmètre connu sous le nom de Neptun Deep. D’autres entreprises ont ensuite découverts des réserves supplémentaires.

De fait, la Roumanie dispose aujourd’hui d’importantes réserves de gaz puisque le pays utilise environ 11 milliards de mètres cubes de gaz par an et qu’il y aurait 200 milliards de mètres cubes de gaz dans la partie roumaine de la mer Noire, selon l’agence nationale des ressources minérales (ANRM).

En 2014, l’ancien Premier ministre Victor Ponta a annoncé un plan dans lequel la Roumanie fournirait du gaz à la Moldavie et remplacerait celui fourni par Gazprom. Mais jusqu’à aujourd’hui, la Moldavie est toujours entièrement dépendante du gaz russe. Et dans le même temps, la Roumanie a augmenté ses importations en provenance de Russie.

Les projets ont en fait pataugé ces dix dernières années. Le contexte géopolitique n’a pas aidé non plus, car les côtes roumaines ne sont qu’à 300 km de la Crimée. Mais avec la guerre en Ukraine et la dépendance de l’Europe au gaz russe, les discussions se sont tout à coup accélérées.

Après plusieurs années de modifications, la loi votée en 2018 octroyait 80% des revenus à l’État roumain, laissant 20% aux entreprises privées et l’obligation de vendre au moins 50% du gaz en Roumanie.

Les entreprises du secteur de l’énergie ont alors considéré que les investissements nécessaires pour extraire du gaz dans les eaux profondes de la mer Noire ne valaient plus la peine. Petrom et ExxonMobil, qui ont développé conjointement le champ gazier de Neptun Deep et investi plus d’un milliard de dollars, ont donc abandonné le projet.

La société Black Sea Oil & Gas, détenue par le fonds d’investissement privé américain Carlyle, a en revanche maintenu ses opérations dans les eaux peu profondes de la mer Noire. En conséquence, bien que ses relations avec le gouvernement ne sont pas des plus harmonieuses, la société pourrait potentiellement commencer à fournir du gaz avant la fin de l’année.

Avec les modifications apportées à la loi sur les activités offshore, l’État roumain ne recevra plus que 60 % des recettes brutes. Les entreprises ont également reçu des garanties sur la répartition des revenus et la fiscalité pendant toute la durée des concessions. Le projet de loi a défini les modifications de la fiscalité en fonction du prix du marché du gaz.

Si tous les projets sont opérationnels, la Roumanie peut espérer produire 20 milliards de mètres cubes par an et devenir exportateur net.

En 2018, la Roumanie importait environ 10% de son gaz naturel, selon l’institut national des statistiques (INS). En 2021, le gaz importé est passé à 30% de la consommation de Roumanie, en l’achetant à la Russie.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.