La Turquie se retire de la convention d’Istanbul

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2 juillet 2021

Comme annoncé en mars, la Turquie s’est retirée de la Convention d’Istanbul sur la prévention de la violence à l’égard des femmes. Cette convention contredit le point de vue des autorités turques sur l’homosexualité.

violence
La Turquie s’est retirée de la Convention d’Istanbul signée en 2011

Le 1er juillet, la Turquie s’est retirée de la Convention d’Istanbul sur la prévention de la violence à l’égard des femmes. La Turquie avait été, en 2011, le premier pays à signer la convention qui porte le nom de sa plus grande ville. Elle est la première à s’en extraire. Ce traité sur les droits de l’homme du Conseil de l’Europe a été signé par 45 pays.

Le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé le retrait en mars et la décision est désormais effective depuis le 1er juillet. Des manifestations contre le retrait ont été organisées dans le pays.

Dans le même temps, le président a présenté le quatrième plan d’action national de lutte contre la violence à l’égard des femmes pour les années 2021–2025. Concernant la décision de quitter la convention, M. Erdogan déclare que « notre lutte contre la violence à l’égard des femmes ne commence pas avec la convention d’Istanbul et ne s’achèvera pas non plus avec notre retrait de celle-ci ».

Pour les autorités turques, la convention tente de légitimer l’homosexualité, ce qui va à l’encontre de leurs valeurs sociales et familiales. D’autre part, le site web de la Convention d’Istanbul mentionne qu’un « certain nombre de groupes religieux et ultraconservateurs ont, ces dernières années, diffusé de faux récits au sujet de la convention ».

La convention d’Istanbul lutte contre les violences quelle que soit l’orientation sexuelle

La Convention d’Istanbul interdit toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. L’article 4, déjà inclus en 2011 lorsque la Turquie l’avait signée, précise que la mise en œuvre de la convention « doit être assurée sans discrimination fondée notamment sur […] l’orientation sexuelle », ce qui découle de l’obligation légale prévue par la Convention européenne des droits de l’homme. Dans le même temps, le plan turc rejette la violence sans distinction de race, de sexe, de religion ou de nationalité, etc. Mais il omet l’orientation sexuelle.

Les pays qui ratifient la convention d’Istanbul doivent appliquer des lois et des régulations visant à prévenir et à réduire la violence à l’égard des femmes. Ils sont tenus pour responsables s’ils ne réagissent pas à ce qu’ils ont reconnu comme une violation des droits de l’homme et comme une forme de discrimination.

Le Groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (GREVIO) surveille la situation dans chaque pays ayant ratifié la convention. Mais en Turquie, le plan ne sera désormais plus suivi que par des commissions provinciales.

Les femmes lesbiennes, bisexuelles ou transgenres vulnérables à des « viols correctifs »

L’analyse de la Turquie réalisé par le GREVIO en 2018 indiquait que le pays a mis en œuvre des lois contre la violence domestique, mais qu’il devait encore agir sur toutes les « formes de violence à l’égard des femmes d’une manière holistique et globale ». En effet, il note que la Turquie s’est concentrée « fortement sur le renforcement de l’institution de la famille » avec « des objectifs spécifiques, y compris la réduction du nombre de divorce, et l’augmentation de la part des mariages et des taux de fécondité des femmes ».

Mais le groupe d’experts estimait que ces politiques favorisaient une vision des « femmes exclusivement à travers le prisme du mariage et de la maternité […], d’une femme en tant que femme mariée et fertile ». Il avertissait alors que cela pourrait « miner les efforts du pays pour améliorer les droits et l’égalité des femmes ».

Par ailleurs, le rapport note que les femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres sont confrontées à de nombreux préjugés et discriminations en Turquie. Elles sont exposées au mariage forcé ou même à ce qu’on appelle le « viol correctif ».

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.