En Argentine, un Brésilien accusé de féminicide a déclaré qu’il se considérait femme et a demandé à être jugé comme tel. Sa demande a été rejetée.
En février 2022, Fernando Alves Ferreira a tiré six fois sur Eduarda Santos de Almeida alors qu’elle était sortie de la voiture après s’être disputée avec ce dernier. Quatre balles l’ont atteinte de dos. La Brésilienne a succombé à ses blessures peu de temps après, retrouvée sur la route aux abords de Lago Escondido où ils voyageaient, à deux heures au sud de San Carlos de Bariloche dans la province argentine de Río Negro.
Le meurtrier présumé s’est rendu deux jours après le crime. Fernando Alves Ferreira, également de nationalité brésilienne, est depuis en détention préventive à la prison de Bariloche, dans l’attente de son procès et de son jugement.
Il a avoué son acte devant le tribunal mais a plaidé qu’il n’était pas prémédité. Il a affirmé avoir agi pour sa sécurité et celle de ses enfants. Il a également mentionné qu’elle avait des problèmes liés au trafic de drogue et a déclaré qu’il préférait être en prison plutôt que de retourner au Brésil et qu’il ne voulait pas que ses enfants aillent au Brésil parce qu’ils y mourraient.
Les deux ressortissants brésiliens se sont rencontrés il y a quelques années. M. Alves Ferreira et son concubin de l’époque ont rencontré Mme Santos afin qu’elle devienne la mère porteuse de leurs enfants. Mme Santos a ensuite quitté le Brésil avec les jumeaux du couple pour l’Argentine. Le partenaire de M. Alves Ferreira est décédé en 2021.
En février de l’année dernière, Eduarda Santos vivait à Llao Llao, près de Bariloche, avec son bébé d’un mois, les jumeaux de deux ans et leur père, M. Alves Ferreira, qui allait devenir son meurtrier.
M. Alves Ferreira a été accusé de féminicide, de meurtre avec préméditation et d’utilisation d’une arme à feu détenue sans autorisation.
Le procureur Martín Lozada a demandé à la cour d’envisager l’accusation de féminicide parce que la relation entre les deux était typique d’une position dominante de l’homme sur la femme, avec une dépendance économique et émotionnelle. Elle n’avait ni amis, ni famille, ni travail, et dépendait de M. Alves Ferreira, qui l’aurait considérée comme un objet, en référence au fait qu’elle avait été mère porteuse.
L’accusé avait contesté le point de vue du procureur l’année dernière et avait déclaré : « Eduarda n’était pas soumise, bien au contraire. Je suis veuf depuis sept mois. La violence que nous avons subie à la maison après l’arrivée d’Eduarda était constante ».
En Argentine, les féminicides sont passibles d’une peine de prison à perpétuité depuis 2012, alors qu’un meurtre sans circonstance aggravante est passible de huit à vingt-cinq ans d’emprisonnement.
Mais lors de l’audience du 14 avril, Fernando Alves Ferreira a déclaré qu’il se sentait être une femme depuis son adolescence et qu’il devrait désormais être appelé Amanda Alves Ferreira.
Son avocat a fait valoir que l’accusée avait subi des opérations de chirurgie esthétique – liposuccion, amincissement de la taille et rhinoplastie – avant le meurtre et qu’elle avait commencé à changer de genre. En conséquence, la défense a demandé l’abandon du chef d’accusation de violence à caractère sexiste puisque seul un homme peut commettre un féminicide.
En Argentine, la Loi sur l’identité de genre, promulguée en 2012, reconnaît le droit pour les personnes d’enregistrer ou de modifier leur genre sur les cartes d’identité et les passeports en suivant une procédure administrative simple. Elle ne nécessite pas d’autorisation médicale, de chirurgie ou de thérapie hormonale.
Pour le ministère public, l’accusé se considérait comme un homme lorsqu’il a commis le meurtre, et rien ne prouvait qu’il se sentait femme. M. Lozada a rappelé que l’accusé s’était identifié comme Fernando Alves Ferreira lors de l’audience d’imputation des charges et lors de l’audience suivante, selon le journal argentin Diario de Río Negro.
Le juge a confirmé l’accusation de féminicide.