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L’Argentine tente d’éviter le défaut de paiement de sa dette

2 minutes de lecture
31 mai 2021

L’Argentine tente de repousser un paiement de 2,4 milliards de dollars dû à la fin du mois de mai. Deux mois après l’échéance, le pays serait en défaut de paiement. Une course contre la montre s’est engagée.

Alberto Fernández avec Angela Merkel lors d'un appel vidéo
Alberto Fernández avec Angela Merkel lors d’un appel vidéo pour discuter de la pandémie de Covid-19 et des négociations sur la dette avec le FMI et le Club de Paris, le 26 mai 2021

L’Argentine est censée payer un crédit de 2,4 milliards de dollars le 31 mai au Club de Paris. Si elle ne paie pas, elle bénéficie d’un délai de 2 mois avec un taux d’intérêt annuel de 9% pour se conformer à ses obligations. À l’issue de ce délai, le pays se retrouverait à nouveau en défaut de paiement vis-à-vis de ses créanciers.

Le président Alberto Fernández a déclaré qu’il souhaitait payer, mais il a demandé à Martín Guzmán, ministre argentin des finances, de négocier une trêve avec le Club de Paris.

Le Club de Paris est un groupe financier qui réunit tous les principaux créanciers publics du monde. Il a été créé en 1956 pour permettre à l’Argentine de s’adresser directement aux principaux emprunteurs publics en une seule fois, plutôt que de s’adresser à chacun des États.

L’Allemagne et le Japon détiennent plus de la moitié des obligations que l’Argentine doit au Club de Paris. L’accord avec le Club de Paris étant un consensus, les 22 membres doivent donc s’entendre sur les solutions. C’est pourquoi Alberto Fernández s’est rendu en Europe pour rencontrer des dirigeants portugais, espagnols, italiens et français. Il s’est également entretenu avec Angela Merkel, la chancelière allemande, lors d’une visio. La confiance dans la volonté de l’Argentine de remplir ses obligations est en effet un élément clé de l’accord.

Le paiement au Club de Paris repoussé à plusieurs reprises

Ce paiement est la dernière échéance de la restructuration de la dette négociée en 2014 sous la présidence de Cristina Kirchner.

En mai 2019, sous la présidence de Mauricio Macri, l’Argentine a fait défaut en fournissant la moitié des 3,8 milliards de dollars à rembourser et a été soumise au taux d’intérêt de pénalité négocié de 9%. Depuis son arrivée au pouvoir, Alberto Fernández tente de négoicer les 115 milliards de dollars que le pays doit.

En mai 2020, il a réussi à retarder d’un an le paiement au Club de Paris, le temps de négocier avec les créanciers privés, et a évité l’application du taux d’intérêt supplémentaire. Mais le moment est venu de payer la dette, et l’Argentine entre dans la période de répit de deux mois avant d’être en défaut de paiement et de se voir appliquer rétroactivement ce taux d’intérêt.

M. Guzmàn a demandé au conseil d’administration du Club de Paris de reporter la date d’échéance, ce qui aurait pour conséquence d’éviter au moins l’augmentation du taux d’intérêt pour les deux prochains mois. Mais selon le président argentin, le Club de Paris veut que l’Argentine conclue d’abord un accord avec le Fonds monétaire international.

Et les négociations avec le FMI progressent lentement.

L’agence a emprunté 45 milliards de dollars sous la présidence précédente, ce qui représentait l’emprunt le plus important de l’histoire du FMI à un seul État au moment de l’accorder. Pour restructurer la dette, le FMI exige généralement des réformes économiques. Des émissaires étaient censés se rendre en Argentine en juin, ce qui est peu probable, selon le président. Il pense qu’il ne peut y avoir d’accord avant les élections législatives argentines de mi-mandat, qui doivent se tenir en octobre après avoir été reportées en août à cause du Covid-19. Après les élections, la moitié des sièges de la Chambre des députés et un tiers des sièges du Sénat seront renouvelés. Le gouvernement actuel devrait en perdre quelques-uns.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.