Le Mexique a annoncé qu’il avait enfin réussi à vendre l’avion présidentiel, au Tadjikistan

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22 avril 2023

Après des années sans avoir pu trouver de client, le Mexique a finalement réussi à vendre l’avion présidentiel. L’avion, acheté 219 millions de dollars il y a onze ans, a été vendu pour 92 millions de dollars.

avion présidentiel mexicain
L’avion présidentiel mexicain, un Boeing 787 Dreamliner, acheté pour 219 millions de dollars en 2012, a été vendu pour 92 millions de dollars | © Présidence du Mexique, YouTube

Le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador (AMLO), a annoncé le 20 avril que l’avion présidentiel avait finalement été vendu pour 1,66 milliard de pesos (92 millions de dollars) après des années sans avoir pu trouver preneur.

AMLO, qui apparaît à bord de l’avion dans une vidéo partagée sur ses réseaux sociaux, a déclaré que le gouvernement du Tadjikistan avait acheté l’avion présidentiel qu’il se refusait d’utiliser. Selon le communiqué mexicain, Goscominvest, le Comité d’État pour l’investissement et la gestion des biens de l’État de la République du Tadjikistan, a déjà déposé les fonds pour le Boeing 787 Dreamliner à l’Instituto para Devolver al Pueblo lo Robado (Indep), un « Institut Robin des Bois » créé par le président pour selon lui restituer au peuple les richesses volées par les politiques et les gangsters corrompus.

Le lit king-size de l'avion présidentiel mexicain
Le lit king-size de l’avion présidentiel mexicain | © Gouvernement du Mexique

Lorsqu’il a pris ses fonctions en 2018, AMLO a refusé d’utiliser l’avion présidentiel. Il le considérait comme trop luxueux et comme un gaspillage de l’argent public. Il a mis l’avion en vente comme promis pendant sa campagne afin de donner un exemple de frugalité gouvernementale. Le président voyage habituellement sur des vols commerciaux, en train ou en voiture.

Mais le Mexique a eu du mal à trouver un client.

Évalué à 115 millions de dollars en 2021

Le TP-01 José María Morelos y Pavón a été conçu pour accueillir seulement 80 personnes plus l’équipage, et comprenait une suite présidentielle avec une chambre à coucher privative et un lit king-size, un tapis de course, une douche personnelle et une salle de bain avec des finitions en marbre.

Le président Felipe Calderon avait commandé l’avion en 2012 pour remplacer l’avion qui avait servi un président mexicain pendant le plus d’années (28 ans) après que le secrétaire de l’Intérieur, José Francisco Blake Mora, et tous les passagers périrent dans un accident d’hélicoptère en novembre 2011.

Le TP-01, désormais appelé FAM 3523, a été livré en 2016 lorsque Enrique Peña Nieto était alors président.

L’avion a coûté 2,95 milliards de pesos, soit 219 millions de dollars, avec un taux de change de 13,5 pesos pour un dollar (18 pesos valent actuellement un dollar), selon le gouvernement mexicain. En 2015, M. Nieto a demandé une étude pour évaluer la possibilité de vendre l’avion avant même de l’avoir reçu, pour des raisons d’économies budgétaires.

Intérieur de l'avion présidentiel mexicain
Intérieur de l’avion présidentiel mexicain | © Gouvernement du Mexique

Ascend Flightglobal avait estimé qu’il pourrait être vendu à une compagnie aérienne commerciale pour 58 % de son prix, soit 128 millions de dollars en 2016, en raison des coûts pour transformer l’appareil en avion de ligne. Sans modifications, le groupe de consultants aéronautique estimait qu’il pourrait être vendu à 30 ou 35 % de son prix si la transaction se faisait dans les 36 mois.

Mais M. Nieto a décidé de conserver l’avion compte tenu de la « perte que la vente entraînerait au trésor public », en raison du coût de remplacement de l’appareil à un taux de change défavorable (environ le même que l’actuel).

Peu après son élection, M. López Obrador a demandé au Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), qui fournit des services d’infrastructure, d’approvisionnement et de gestion de projet, de l’aider à vendre l’avion présidentiel du Mexique. En juin 2021, l’UNOPS a lancé un appel d’offres, évalué le jet à 2,3 milliards de pesos minimum, soit 115 millions de dollars, et prévoyait de le vendre en quatre mois.

Onze ans après la commande initiale, l’avion, qui devrait être opérationnel jusqu’en 2040, a été vendu pour 92 millions de dollars, soit 58 % de moins que son prix d’origine.

L’argent de la vente investi dans la construction de deux hôpitaux

Le tapis de course de l'avion présidentiel mexicain
Le tapis de course de l’avion présidentiel mexicain | © Gouvernement du Mexique

Après plus de 1 700 heures de vol et 600 000 kilomètres en plus de 200 trajets, l’avion présidentiel ne volait plus que pour transporter du matériel, de la nourriture ou pour de la maintenance. La délégation olympique mexicaine a utilisé l’avion présidentiel pour transporter du matériel sportif et médical en vue des Jeux olympiques de Tokyo en 2021, mais les athlètes ont pris des vols commerciaux.

Stationné à l’aéroport international de Mexico, son entretien, comme les mises à jour de logiciels et la sécurité, s’est avéré coûteux, avec près de 100 millions de pesos (5,6 millions de dollars) dépensés au cours des cinq années pendant lesquelles il a été cloué au sol, selon le quotidien El Universal.

Andrés Manuel López Obrador à bord de l'avion présidentiel
Andrés Manuel López Obrador (deuxième en partant de la droite) à bord de l’avion présidentiel mexicain annonçant qu’il a été vendu | © Gouvernement du Mexique

La transaction permettra d’économiser 232 millions de pesos (13 millions de dollars) de taux d’intérêt sur le crédit-bail de 15 ans avec Banobras, la banque nationale des travaux et services publics. Les fonds restants seront utilisés pour construire deux hôpitaux, l’un à Tlapa de Comonfort dans l’État de Guerrero, et l’autre à Tuxtepec à Oaxaca, avec 80 lits chacun.

Les autorités du Tadjikistan n’ont pas communiqué sur la transaction, mais des organes de presse locaux ont publié l’information. Le pays, dirigé par l’autocrate Emomali Rahmon, dispose de dix jours pour rapatrier l’avion.

Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.