Le Premier ministre suédois renversé par le Parlement, une première dans le pays

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21 juin 2021

Une motion de censure au Parlement suédois a eu raison du Premier ministre Stefan Löfven. Il est le premier responsable de gouvernement de l’histoire démocratique de la Suède à être évincé par un vote de défiance. Il démissionnera ou annoncera de nouvelles élections.

Riksdag
Le Riksdag, le parlement suédois, où les députés ont voté contre le gouvernement formé par Stefan Löfven | Janwikifoto, 2009

Lundi 21 juin, 181 députés ont voté contre le gouvernement de Stefan Löfven, 109 ont voté contre la motion de censure, 51 ont voté blanc et huit étaient absents. C’est la première fois dans l’histoire démocratique suédoise qu’un gouvernement est renversé de cette manière. Des votes de défiance ont déjà eu lieu, mais ils n’avaient jamais atteint la majorité requise.

Stefan Löfven, chef du Parti social-démocrate, était Premier ministre depuis octobre 2014 et a dirigé des gouvernements minoritaires pendant deux mandats. En janvier 2019, après les élections législatives et 131 jours sans gouvernement, les sociaux-démocrates ont trouvé un accord de coalition avec le Parti vert et ont formé l’un des gouvernements minoritaires les plus faibles de l’histoire de la Suède. Ils ne recueillaient que 33% des sièges du Riksdag, le parlement suédois.

La motion de censure a réuni contre le gouvernement les Démocrates de Suède, un parti nationaliste, le Parti de gauche, un ancien parti communiste, les Modérés et les Chrétiens-démocrates.

Une coalition entre les partis de gauche et d’extrême droite

Ce vote intervient après que le gouvernement a proposé d’assouplir le marché de la location de logements. En Suède, l’État réglemente les prix de location des logements. Mais le loyer des logements nouvellement construits est censé suivre celui du marché. Certains espéraient que la nouvelle loi faciliterait les investissements et augmenterait l’offre qui manque dans le pays, tandis que d’autres craignaient qu’elle n’entraîne une hausse des loyers.

Pour le Parti de gauche, qui avait soutenu le gouvernement et accordé une faible majorité, la mesure était non-négotiable et une raison de voter en faveur de la motion de censure. Les Démocrates de Suède, qui ont suffisamment de sièges, contrairement au Parti de gauche, pour déclencer une motion de censure, se sont également joints à la bataille. De plus, les modérés et les chrétiens-démocrates étaient fondamentalement opposés au gouvernement et en ont profité pour le renverser, même s’ils étaient favorables à la proposition de loi faite pour leur convenir.

Lors d’une conférence de presse lundi matin, Stefan Löfven a regretté la coalition entre la gauche (Parti de gauche) et l’extrême droite (Démocrates de Suède). Il a également ajouté que la dérégulation du marché du logement n’avait pas les faveurs des sociaux-démocrates mais que « tout le monde doit être prêt à faire des compromis ». Stefan Löfven a maintenant la possibilité de démissionner ou d’annoncer de nouvelles élections législatives.

Ce gouvernement sans marge de manoeuvre n’aura pas été en mesure de rassembler la plupart des partis, sauf lors de cette motion de censure.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.