Les journalistes de la rédaction ont reçu une note ce lundi les informant qu’ils ne devraient plus utiliser l’écriture inclusive dans leurs articles.
Les abonnés du Der Tagesspiegel, célèbre quotidien berlinois, prennent le large. La raison ? L’écriture inclusive ne serait pas du goût de tout le monde. La direction a réagi ce lundi via une note distribuée aux rédactions leur annonçant la fin de l’écriture inclusive sur l’édition imprimée.
Le Tagesspiegel utilisait l’écriture inclusive depuis près de deux ans. La rédaction en chef a informé ses collaborateurs dans une circulaire que le masculin générique serait désormais à nouveau utilisé : au lieu de « politicien.ne.s », les journalistes devront désormais écrire « politiciens ».
L’écriture inclusive serait responsable d’une augmentation des plaintes et d’annulations d’abonnements de l’édition imprimée, selon le quotidien allemand Bild. Les éditions en ligne ne seraient, pour le moment, pas concernées par cette décision.
Ce n’est pas la première fois que le sujet soulève des débats outre-Rhin. En juin dernier, Kai Wegner, maire de Berlin et membre du parti démocrate-chrétien, a fait face à de fortes réactions après avoir annoncé au journal Bild qu’il n’utiliserait pas le langage inclusif durant son mandat. Le maire, alors récemment élu, avait justifié son argument en soulignant l’importance de veiller à ce que les nouveaux arrivants migrants en Allemagne, qui sont encouragés à apprendre l’allemand, ne trouvent pas la langue plus difficile qu’elle ne l’était en réalité.
Côté français, Emmanuel Macron s’est opposé à l’écriture inclusive lors de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts en octobre dernier. La France ne doit « pas céder aux tendances de la mode », avait-il alors déclaré quelques heures seulement avant que le Sénat vote en faveur de l’interdiction de l’écriture inclusive, par 221 voix contre 82.
En 2021, l’Académie française s’était également opposée à cette pratique à travers une lettre ouverte publiée sur leur site internet.
L’écriture inclusive suscite régulièrement de vifs débats de société. Dans une étude récente parue dans la revue Frontiers in Psychology, une équipe de scientifiques a démontré que les formulations neutres, sans marque de genre grammatical, ne permettent pas d’éliminer complètement le biais vers le masculin, au contraire des formes doubles qui mentionnent à la fois le masculin et le féminin.
Garante de l’égalité des genres ou responsable de complications de la langue ? Le débat sur l’écriture inclusive reste ouvert.
