Le Soudan allège encore sa dette avec 5 milliards de dollars annulés par la France

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21 mai 2021

Le président français a annoncé que le pays abandonnerait la dette du Soudan, qui s’élevait à 5 milliards de dollars. L’annonce du deuxième créancier du Soudan est la plus grande étape d’une série d’allègements financiers accordés par les économies occidentales depuis le début de la transition démocratique soudanaise en 2019.

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron lors de la Conférence internationale d’appui à la transition soudanaise

La Conférence internationale d’appui à la transition soudanaise s’est tenue à Paris le 17 mai 2021. Et elle s’est achevée avec le président français Emmanuel Macron qui a diminué Khartoum de sa dette de 5 milliards de dollars. « Nous sommes favorables à une annulation pure et simple de notre crédit avec le Soudan », a déclaré M. Macon.

Le Soudan est un pays en transition démocratique depuis 2019 et la destitution de la dictature dirigée par Omar al-Bashir. Il a supprimé la charia, interdit les mutilations génitales féminines. Il a reconnu l’État d’Israël. Il a versé aux États-Unis 335 millions de dollars pour indemniser les victimes de l’attentat de 1998 contre l’ambassade par Al-Qaïda. Et en décembre 2020, les États-Unis ont retiré le Soudan de la liste des pays soutenant le terrorisme et ont accepté de soutenir Khartoum pour éponger sa dette.

Car, parallèlement à sa transition politique, le Soudan a besoin de reconstruire son économie. Le pays est en récession depuis trois ans, avec une inflation galopante et une pénurie de produits de première nécessité. La sécession du Sud-Soudan en 2005 a privé le pays de la plupart de ses ressources pétrolières. De plus, la récente guerre civile a considérablement plombé les efforts budgétaires du pays.

Le Club de Paris, premier créancier du Soudan

Le Soudan est paralysé par une dette extérieure de 60 milliards de dollars, estimée à 176 % du produit intérieur brut national. Seuls la Grèce et le Japon ont un endettement relatif à leur économie plus élevé. De plus, le pays a souffert du défaut de paiement de sa dette.

La France a confirmé qu’elle accorderait un crédit de 1,5 milliard de dollars pour régler les arriérés auprès du Fonds monétaire international. Le même jour, l’Allemagne a déclaré qu’elle verserait 110 millions de dollars pour régler les frais de retard de paiement au FMI et qu’elle réduirait la dette soudanaise de 440 millions de dollars.

Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok avait déjà effacé sa dette envers la Banque mondiale grâce au prêt de 1,15 milliard de dollars accordé par les États-Unis. Il a également contracté un crédit auprès du Royaume-Uni, de l’Irlande et de la Suède pour 425 millions de dollars pour régler le différend avec la Banque africaine de développement.

Abdallah Hamdok s’est efforcé de libérer le pays des prêts des institutions financières multilatérales. Combinées à de solides réformes économiques, les conditions étaient réunies pour que la France allège le fardeau de sa dette. La décision de la France ouvre la voie à d’autres pays pour travailler avec le FMI et le Soudan sur sa dette. Le Club de Paris, un groupe de 22 pays travaillant à la restructuration de la dette, dont la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Irlande, la Suède ou l’Allemagne, détient encore 38 % de la dette soudanaise.

Comme ce fut le cas pour les États-Unis, l’allégement de la dette ne se fait pas qu’à perte pour les pays qui l’accordent. Des responsables industriels français envisagent de se rendre au Soudan afin d’étudier les opportunités d’investissement sur le sol soudanais.

Traduit à partir de l’anglais.

Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.